Idée n°30 : prolonger l’oeuvre de Tempi Fà
Il y a deux manières de considérer Tempi Fà.
Comme un bel objet, d’abord. Un très beau livre qui en jette sur l’étagère près de la cheminée. Qu’on feuillettera de temps en temps, avec une nostalgie teintée de fierté : ils savaient en faire, des belles choses, nos anciens. Ils ont su affronter une nature hostile, une histoire compliquée, avec inventivité et pragmatisme. On pourra ainsi continuer à être fiers d’être Corses tout en le méritant de moins en moins.
La seconde manière de considérer Tempi Fà est de le voir comme une formidable base de connaissances à sauver. La pierre angulaire d’un renouveau des savoirs anciens. Pierre-Jean Luccioni a fait sa part (et plus que sa part) en écrivant ce livre. C’est à nous d’écrire la suite. Les savoir-faire de Tempi-fà doivent continuer à être vivants. Mieux, ils peuvent s’enrichir de connaissances nouvelles (je pense par exemple aux techniques agricoles) pour créer une culture artisanale vivante.
On peut imaginer une sorte d’académie Tempi Fà, un lieu où seraient réunis tous les savoir-faire du livre, et où ceux qui le souhaitent pourraient apprendre les techniques anciennes, transmises par ceux qui les auront conservées. Pas forcément un lieu unique, d’ailleurs, ça pourrait être éclaté dans l’espace. Des lieux existants jouent déjà en partie ce rôle, ou pourraient sans trop de difficultés le jouer. Il faut juste systématiser et organiser un peu les choses, comme souvent en Corse.
Sans aller aussi loin, une partie des savoir-faire est aujourd’hui perpétuée par des professionnels : vanniers, potiers, éleveurs, artisans… Il faudrait simplement s’assurer que leur savoir ne se perd pas, les inciter à mettre en place des cours, à prendre des apprentis, tenir un annuaire de ces professionnels. Les aider à parfaire et croiser leurs propres connaissances, aider des débutants à s’installer, consolider les filières, les adapter aux situations nouvelles.
D’autres savoir-faire ne peuvent pas faire l’objet d’une activité professionnelle. Pierre-Jean Luccioni que j’ai pu croiser 5 minutes (les stars, c’est comme ça…) prenait l’exemple des clôtures, du beurre, des cabanes à ossature bois… Difficile en effet de vivre de ça, et les gens préfèrent acheter des piquets en métal et des abris de jardin dans les magasins plutôt que de les faire eux-mêmes.
Pourtant, si chacun des lecteurs de Tempi Fà choisissait un seul savoir-faire, n’importe lequel, celui qui lui parle à l’oreille, et décidait de l’acquérir et de le transmettre, cela ferait, pour chaque chapitre du livre, plusieurs dizaines de personnes perpétuant le savoir-faire en question. On pourrait se réunir en associations. Se spécialiser localement.
Là encore, un annuaire pourrait être établi : outre les professionnels, il listerait les associations, et même les particuliers acceptant de transmettre leur savoir. Un tel annuaire serait facile à mettre en place sous forme d’un site internet collaboratif où chacun pourrait facilement s’inscrire. Ca, c’est sans doute le plus facile à faire.
Voilà, ce ne sont encore une fois qu’idées en l’air, mais j’espère bien une fois de plus que quelques lecteurs les rattraperont au vol. En Balagne, on va continuer de travailler sur la partie potager, en croisant connaissances, semences anciennes, et méthodes d’agroécologie moderne… On vous tient au courant et on espère avoir des nouvelles d’autres initiatives.
Pace è salute à tutti.
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Bonjour, je viens de prendre connaissance de votre initiative aujourd’hui en lisant le journal (comme quoi l’information si l’on habite en corse est très bien developpée… comme pour le reste…) et je parle au nom de l’association de balagne « Giuventù arritta » qui regroupe nombre de jeunes pour reflechir sur la situation societale actuelle de la corse, à tous les niveaux que ce soit, pour comme vous, faire naitre des idées. Des idées qui pourront etre mises en place avec les outils necessaires que nous pouvons disposer et qui ont pour but par là de développer le pays et d’émanciper les gens qui y vivent. Est ce possible une rencontre avec vous afin de discuter et de s’unir pour federer des projets car l’union fait la force ?
Giuventù Arritta
28 décembre 2009 at 12:49
C’est amusant, je venais juste d’envoyer un message à Maxime, de Giuventù Arrita, pour lui proposer la même chose.
Ce n’est pas forcément étonnant que vous n’ayez pas eu l’information avant, le blog est quand même très récent.
fabien
31 décembre 2009 at 11:49
C’est vrai que le deuxième Tempi Fà est un deuxième trésor.
On attend le 3 eme.
Vu les similitudes que tu signales entre la Balagne et le bocage normand, après la bière, on va pouvoir faire du cidre dans la vallée du Reginu?
Jean Nicolas d'Aria Linda
20 janvier 2010 at 05:51
J’ai la mémoire qui flanche, mais il me semble bien que quelqu’un avait justement un tel projet.
En tout cas, des vergers en agroforesterie pourraient rentrer assez bien dans le cadre de la réhabilitation de nos sols : on plante un pâturage d’arbres fruitiers peu denses. Les premières années, on ne pâture pas et on fait quelques actions judicieuses sur les sols. Quand les arbres sont un peu plus grands, on remet en pâturage, avec un bien meilleur rendement en herbe (grâce au travail effectué sur le sol), plus les fruits.
fabien
20 janvier 2010 at 09:13
[…] Tempi fà, dans son premier tome, consacre pas moins de 22 pages en couleurs à la chose, avec de magnifiques gros plans. De toute beauté, et très instructif. Vous y apprendrez comment tailler une pipe dans le buis, dans la bruyère, et même dans l’argile, et comment utiliser des accessoires, pour rendre votre œuvre encore plus stimulante. Molette de cordonnier, lissoir, polissoir, feront d’une simple pipe d’argile une œuvre d’art. […]
Idée n°69 : sauver l’art de la pipe « 1000 idées pour la Corse
28 février 2011 at 16:07
[…] un système collectif de production. En cela, ils ont beaucoup à nous apprendre. Et nous avons Tempi Fà pour nous rappeler les savoir-faire […]
Idée n°72 : comprendre l’agroécologie « 1000 idées pour la Corse
16 mars 2011 at 11:56
je trouve super cette idée que chacun acquère un savoir faire pour pouvoir à son tour le transmettre, mais ton idée date de 2009,y a t il une suite?
et les jardins de Balagne?
j’ai découvert ton blog par l’intermédiaire de »lacave webradio »et ça fait deux jours que je le découvre en retrouvant beaucoup d’idées qui sont les miennes sur notre environnement l’agriculture le jardin la nutrition …..mais as tu encore le temps d’y écrire car beaucoup de post datent?
annie
5 juillet 2011 at 22:54