Idée n°32 : manger méditerranéen
Quand on parle de sauvegarder notre culture, nous pensons immédiatement à la langue, au chant, aux pratiques spirituelles… Plus rarement à l’alimentation. C’est regrettable nous concernant, parce que l’alimentation est un trait culturel essentiel, parce que celle de nos ancêtres méditerranéens est aujourd’hui louée dans le monde entier, et parce que notre économie et notre environnement auraient tout à gagner à ce que nous consommions des produits cultivés sous notre climat.
Depuis 1994, et l’étude de deux chercheurs Français, Serge Renaud et Michel de Lorgeril, qui démontrait que le risque de récidive d’infarctus était largement diminué par l’adoption d’une alimentation de type méditerannéen traditionnel, il est largement reconnu qu’une alimentation de ce type réduit considérablement les risques de maladies cardiovasculaires. D’autres études ont montré une diminution des risques de cancer, d’hypertension, de surpoids, d’obésité et de diabète, mais aussi d’Alzheimer et de Parkinson, et encore de l’asthme et des allergie pour les enfants dont la mère a adopté ce régime pendant sa grossesse. Rien que ça.
Il faudrait être bête pour abandonner de telles habitudes alimentaires. Il faut croire que nous le sommes, puisque partout dans le bassin méditerranéen, l’alimentation méditerranéenne traditionnelle finit de disparaître. Avec pour effet une explosion des problèmes de santé précédemment cités. La Corse est la région française la plus touchée par l’obésité. On se passerait bien d’être les meilleurs dans ce genre de disciplines.
Non seulement ce type d’alimentation est bon pour la santé, mais il a aussi l’avantage de correspondre parfaitement à ce que l’agriculture pourrait produire chez nous : nos ancêtres n’importaient pas leur nourriture. Ils la cultivaient sur place, ce qui permettait en plus d’aménager le territoire, de gérer l’environnement (à l’époque, on parlait moins d’environnement, mais on le comprenait mieux).
Enfin, en oubliant les (bonnes) habitudes alimentaires de nos ancêtres, c’est un peu plus de notre culture qui s’en va : malgré une médiatisation importante du « régime crétois », l’alimentation traditionnelle méditerranéenne reste largement méconnue des méditerranéens, et le plus souvent réduite à la consommation d’huile d’olive (qui n’est qu’une caractéristique parmi d’autres de cette alimentation).
En résumant, nous importons aujourd’hui une nourriture de piètre qualité qui nous rend malades, nous acculture et contribue à détruire notre économie et notre environnement. Travailler à réhabiliter l’alimentation méditerranéenne serait un chantier particulièrement utile à la Corse. D’autant plus que chacun peut y participer, soit comme consommateur, soit comme producteur.
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Encore faut-il connaître les caractéristique de ce mode d’alimentation, au delà donc de l’huile d’olive :
– Une consommation modérée de produits animaux, provenant toujours soit d’élevage extensifs, soit de la chasse ou de la pêche. Ce dernier point est fondamental : les produits animaux provenant d’élevages industriels sont notamment très largement déséquilibrés en acides gras (notamment rapport oméga 6 / oméga 3 très défavorable). La consommation massive de produits
animaux de mauvaise qualité est une caractéristique majeure de l’alimentation occidentale. En Méditerranée traditionnelle, on mange relativement peu de produits animaux, mais ils sont de qualité.
Les produits laitiers sont consommés sous forme de yaourts ou de fromages, provenant généralement d’ovins et de caprins, rarement de bovins. Là encore, la quantité consommée est faible par rapport aux recommandations actuelles, mais la qualité est excellente.
Il faudrait donc globalement privilégier les produits animaux provenant d’élevages extensifs. Et parallèlement soutenir l’élevage et la production de fourrages en Corse, pour répondre à la demande.
– Les céréales sont complètes, et complétées par des légumineuses (fèves, haricots secs, lentilles pois chiches), des châtaignes, des oléagineux (amandes, noix). C’est une autre différence majeure avec l’alimentation moderne, riche en céréales raffinées et pauvre en légumineuses et oléagineux.
C’est encore une caractéristique intéressante du point de vue de la production : si refaire pousser des céréales n’est pas forcément évident à grande échelle en Corse, la culture des légumineuses est à la portée de tous les jardiniers. Les oléagineux peuvent être plantés dans tous les vergers. Et la châtaigneraie reste sous-exploitée…
– Les fruits et légumes tiennent une place importante. Ils sont consommés frais, et la présence de plantes sauvages est très importante (lire à ce sujet Le Véritable régime crétois de François Couplan). Il est bon de le répéter, les plantes sauvages ont des qualités nutritionnelles fantastiques, et leur connaissance fait aussi partie de notre patrimoine culturel. Plantes aromatiques sauvages ou cultivées, ail, échalotes, oignons tiennent aussi une place importante.
– Autre point essentiel : la consommation de sucre et de produits transformés ou raffinés est très faible. Le miel et les fruits séchés (figues, raisins…), présents en petites quantités, contiennent bien plus de nutriments que le sucre. Là encore, petites quantités mais grande qualité, et là encore, ce sont des productions que nous pourrions et devrions soutenir fortement.
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En plebiscitant et en adoptant une alimentation méditerranéenne en Corse, nous ferions d’une pierre plusieurs coups : nous améliorerions notre santé, nous retrouverions un pan de notre culture, nous stimulerions notre économie rurale, nous rendrions service à l’environnement… Pensez-y la prochaine fois que vous allez faire vos courses.
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D’accord pour l’alimentation méditerranéenne.
Retrouver les soupes complètes et mijotées…
Et je sais que si tu le dis, tu le fais aussi !
En évitant tous les aliments industriels, vantés par les publicitaires, nos enfants se bâtiraient une meilleure santé… BOYCOT !
cocasse
14 janvier 2010 at 00:07
Je suis malheureusement condamné à aller beaucoup plus loin que l’alimentation méditerranéenne…
La soupe… Tu m’invites quand ?
fabien
17 janvier 2010 at 10:50
A quand un article sur le scandale de la « fausse » charcuterie corse ?
Louisa
11 février 2010 at 16:20
Je ne vois pas de quoi tu veux parler 🙂
Je ne ferai pas d’article spécifique sur cette question, je ne fais pas ce blog pour dénoncer (à part le talent), mais j’en parlerai sans doute un jour dans le cadre d’un sujet plus vaste.
fabien
12 février 2010 at 10:46
Nous avons crée un march » artisanal à Oletta dans lequel tout est de production artisanal, pas d’industrie! la meilleur façon de manger du bon vrai produit Corse
maika
1 mars 2010 at 20:39