Idée n°43 : changer le quotidien

Voilà, ça fait trois jour que le nouveau quotidien Corse 24 ore est sorti en kiosque (et que j’essaie de raconter quelque chose à ce sujet). Voici en tout cas mon avis sur cette initiative audacieuse.

Je vous avouerai qu’à l’origine, j’étais assez sceptique. Leur campagne de promotion avant parution était parfois osée (et moi, je me trompe de lien et personne ne me le signale, et voilà que je retrouve plus la photo d’origine).

La rédaction vient en grande partie du mensuel Corsica, qui a récemment commis un hors série sur l’environnement, « Corsica Verde », qui m’avait réellement mis en colère tant il est truffé d’erreurs scientifiques. Bon, c’est le problème de l’écologie, tout le monde veut avoir son mot à dire dessus depuis deux ou trois ans, mais on ne s’improvise pas environnementaliste.

Donc, a priori, je suis allé acheter le premier numéro avec curiosité, mais sans enthousiasme excessif, après avoir recherché un peu toutes les infos que je pouvais trouver : les actionnaires (une petite dizaine d’entreprises et d’entrepreneurs corses), la rédaction, tout ce qu’un vrai paranoïaque dans mon genre vérifie toujours avant de donner un euro à son buraliste.

Et ben croyez-moi ou non, mais je ne regrette pas mes deux euros (parce que je suis aussi allé acheter le deuxième). J’ai trouvé une publication claire, des articles que j’aurais pu écrire (vous inquiétez pas pour mes chevilles, elles ont l’habitude), et une certaine liberté dans le ton qui m’a bien amusé (il fallait oser titrer en première page du second : « Gilles et Jean-Cri, le nationalisme aux dents blanches »).

Les articles sont clairs, abordent le fond des sujets traités autant qu’il est possible à un quotidien, la pagination est agréable, je l’ai vraiment lu avec plaisir, et je l’achèterai sans doute aussi souvent que j’achète Corse-Matin, c’est-à-dire quand je suis en ville et que j’y pense.

Je me demande quand même si une telle aventure est soutenable : la qualité actuelle des articles est plutôt celle d’un hebdomadaire, et je me demande comment une rédaction aussi petite réussira à se maintenir à un tel niveau. Je me demande aussi si le public suivra longtemps. Il faut quand même pas mal de temps pour lire tout ce qui mérite de l’être. Je ne sais pas si placer la barre si haut n’est pas à double tranchant.

Je ne sais pas non plus ce qu’il en sera quand il s’agira de traiter de faits ayant trait aux actionnaires. Le fait d’avoir de nombreux donateurs risque aussi de multiplier les sujets tabous, ce qui irait à l’encontre de l’ambition de transparence et d’indépendance. Pourra-t-on par exemple y enquêter objectivement sur les transports, ou sur les pratiques de la grande distribution ? C’est probablement aussi à ce niveau-là que pourrait se perdre le pari.

En tout cas, la version actuelle est plus complémentaire de Corse-Matin que concurrente. Corse-matin est plus proche des gens, très implanté localement, a des rubriques pour chaque ville. 24 ore fait plus dans l’analyse, le sujet de fond. Ca pourrait être idéal, si la qualité résiste à l’épreuve… du quotidien.

Comme on dit depuis deux siècles par chez nous : « pourvu que ça dure ».

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