Idée n°61 : jouer collectif
Pour les lecteurs qui pensent que je me suis trop emballé dans mon billet précédent, ne vous inquiétez pas, c’était provisoire. Me revoici donc avec la tête de retour sur les épaules, et une conviction encore un peu plus assurée qu’hier : si on veut que des groupes humains bourrés de bonnes intentions parviennent à faire de belles choses, il nous faut apprendre, ou réapprendre, à jouer collectif.
Il est impératif, si nous voulons changer les choses pour le meilleur, que nous soyons capables de changer notre manière de concevoir les groupes humains. De même qu’on ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont engendrés, on ne change pas les comportements d’un groupe ou des individus d’un groupe en conservant les modes d’organisation qui les ont encouragés.
Je m’explique : tant que les organisations qui veulent changer (voire sauver) le monde seront organisées de la même manière que celles qui le détruisent, elle risquent fort d’aboutir à des résultats pas très éloignés de ce qu’elles combattent. Notamment, tant qu’elles comporteront des structures hiérarchiques classiques, avec des personnes bien identifiées au sommet, il y aura des luttes de pouvoir pour arriver à ce sommet, des dirigeant à l’égo démesuré et des abus de pouvoir.
Il faut donc que nous apprenions (et par expérience, ça nécessite un apprentissage) à diriger nos associations, nos groupes, de manière collégiale. Il faut que chaque décision du groupe associe chaque membre du groupe à parts égales. En tout cas chaque membre qui exprime son désir de participer à la décision.
C’est ainsi que nous avons fonctionné au Sens de l’Humus, et nous n’avons eu qu’à nous en féliciter. Un tel fonctionnement collégial peut sans difficulté être appliqué à une association classique (avec président-trésorier-secrétaire), et c’est ainsi que fonctionnait le Sens de l’Humus. Jamais une décision n’a été prise par le bureau, ou par le président seul. Mais il faut savoir qu’il est parfaitement possible et légal de déposer des statuts pour une association gérée collégialement. Elle n’a alors ni président, ni trésorier, ni secrétaire.
La première solution (fonctionnement collégial dans une structure classique) a pour avantage de ne pas effaroucher d’éventuels partenaires ou financeurs. L’inconvénient étant bien entendu qu’un abus de pouvoir reste possible. La seconde solution est plus inconfortable, dans le sens où on vous demandera sans arrêt pourquoi vous n’avez pas de président et de trésorier, mais elle est un signal fort donné à tous ceux qui pourront s’intéresser à votre association, et un garde-fou puissant contre des tentatives de personnalisation du groupe.
Une telle gestion collégiale implique évidemment que tout le groupe fasse un certain effort individuel et collectif pour se hisser à la hauteur des responsabilités dont chacun a la part. C’est plus compliqué, mais c’est évidemment ça qui est fondamental : la responsabilisation de tous, qui évite donc la prise de pouvoir individuel, mais aussi la tentation de laisser à une ou deux personnes la charge de toutes les tâches de direction. A tous, et à chacun, de trouver les méthodes permettant aux moins disponibles de faire leur part, aux moins compétents de se former, aux plus timides de s’exprimer.
En ce qui concerne la prise de parole et de décision, s’inspirer de la méthode dite du consensus peut être une excellente chose. Elle peut être simplifiée et adaptée afin de correspondre à la culture du groupe qui l’utilise.
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Intéressant, mais cela ne s’apparente-il pas à la formation de lobbies et groupes de pression qui pourraient malheureusement être instrumentalisés par des enjeux politiques ?
Et que pensez-vous des SCIC, « Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif, qui me semblent bien plus appropriées pour des actions de transformation économique et sociale ?
Définition : « Une SCIC fonctionne selon les principes coopératifs « un homme, une voix », promeut des valeurs collectives et possède une dimension sociale. Le principe « un homme, une voix » est compensé par la gestion en collèges, qui permet de pondérer le pouvoir de chaque groupe de partenaires.
C’est une société coopérative de forme commerciale à but non lucratif. Le statut de SCIC est obtenu après agrément préfectoral »
Source : https://secure.wikimedia.org/wikipedia/fr/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_coop%C3%A9rative_d%27int%C3%A9r%C3%AAt_collectif
Bien cordialement
Nadine Manzagol
4 décembre 2010 at 04:57
Ah, malheureusement, avec les humains, tout est toujours possible. Mais il est probablement plus difficile de retourner et de manipuler un collège de 12 ou 20 personnes qu’un président d’asso tout seul.
Les SCIC, je connais assez bien (d’ailleurs je les ai citées sur la liste d’initiatives que j’ai mise sur le groupe Colibris). C’est le pendant professionnel des associations, c’est l’objectif ultime. C’est-à-dire que ça nécessite encore plus de travail pour réunir un groupe porteur des valeurs nécessaires, et que ça se gère comme une entreprise.
Et, pour reprendre quelque chose que tu as très bien expliqué par ailleurs, tout ça, ce sont les outils. Il faut savoir d’abord au service de quoi on veut les mettre. La SCIC se justifie si on a un projet de production ou commercial important. Sinon, une asso est plus adaptée, sachant aussi qu’une asso peut être transformée en SCIC à tout moment.
fabien
4 décembre 2010 at 07:53
Bien joué Fabien ! 😉
Take it easy…
C@thy
5 décembre 2010 at 00:37
« Les problèmes qui existent dans le monde aujourd’hui ne peuvent être résolus par le niveau de pensée qui les a créés. »
Albert Einstein
Jean-François Noubel (http://www.thetransitioner.org/Intelligence_Collective_Revolution_Invisible_JFNoubel.pdf) Pierre Lévy (http://www.thetransitioner.org/wikifr/tiki-read_article.php?articleId=4)
ont écrit des articles super intéressants sur l’intelligence collective;
Tu commences par communiquer, c’est en effet essentiel;
Ouvrir une nouvelle plate-forme, ou se servir de quelque chose déjà existant? (comme par exemple , le site « passerelle éco » que tu as signalée, ou développer le « forum actif des citoyens de Balagne, ou même ce site avec certaines améliorations en vue d’arriver à une forme d’intelligence collective au niveau de la communication: quels buts veut-on atteindre?)
Les SCIC est un outil en effet, on peut aider des groupes à travailler avec ce système;
Ce qui compte c’est ce que mettons nous en place : qui le fait? et combien sommes nous là? et, et, et et, ça commence!
En effet c’est pas simple de trouver la 1ère action concrète surtout en écrivant un paragraphe comme ça tous les 3 jours.
Personnellement j’aime aussi que les gens se rencontrent pour de vrai, et me servir ensuite du virtuel, pour ce qu’il représente de sa rapidité et de sa bande extra large de propagation, de ce que son efficacité peut apporter à l’Intelligence Collective
suite …
Mibemol
5 décembre 2010 at 22:33
Ben y’a déjà pas mal de trucs concrets dans le coin. Il y a déjà ce que vous faites du côté de Calenzana, il y a les actions calvaises, le forum des citoyens actifs, le pays de Balagne, il ne manque pas de partis politiques, syndicats et associations qui auraient besoin de sang neuf, sans compter tout ce qui est en train d’émerger.
On n’arrête pas de se rencontrer pour de vrai un peu partout.
Tiens, votre projection du film de Coline Serreau, c’est une bonne occasion pour lancer quelque chose, non ?
fabien
6 décembre 2010 at 18:29
J’approuve le principe de l’intelligence collective, travaillant avec le entreprises, elle me semble de plus en plus incontournable et je remarque aussi qu’au fur et à mesure, il y a « un ras l’bol » du laxisme, ce n’est pas encore très très fort comme onde, elle a encore de quoi gonfler, et elle a le mérite d’exister.
L’intelligence collective c’est aussi un état d’esprit, c’est pourquoi il faut en parler, informer, profiter des rencontres (comme celle de vendredi 17 par exemple, pourquoi pas, je compte sur toi..) pour expliquer ce que c’est, en faire des adeptes pour propager ces informations ensuite.
De là se dessinerait mieux l’idée de la plateforme qui serait capable (capacités et compétences) d’une part de fonctionner en intelligence collective et d’aider les organisations à fonctionner sur ce principe, d’autre part.
Pour l’instant, les réunions ou rencontres actuelles sont plus souvent du festif que du citoyen, (hors les réunions des partis politiques où chacun reste sur son camp, où chacun est partisan); du moins de ce que j’en connais, certainement je ne sors pas assez, ou je n’ai pas les informations _je devrai aller les chercher en même temps ….
Mais on avance c’est déjà ça.
A plus
Mibemol
6 décembre 2010 at 21:24
l’association « Alliance pec » et l’association, »terre de liens » me semble une solution qui propose des outils et une méthode qui répondent à tous les problèmes et apparemment la Corse n’adhère pas au projet(?)De plus la banque « la nef et le crédit coopératif semble soutenir cette démarche. Fabien connais tu ces associations?
christophe
8 décembre 2010 at 17:24
Pas de nouvelles?
espèrons que Fabien n’est pas en train d’être rejeté dans le froid, la neige, non protégé par une structure assurant clos et couvert, en ce mois de décembre froid et neigeux.
Jeuf
22 décembre 2010 at 10:36
Non, juste pas très en forme. Mais ça va revenir.
fabien
26 décembre 2010 at 12:25