Idée n°81 : mettre du sel dans l’échange
Pas très éloignés du principe des réseaux d’échange réciproque de savoir, les Systèmes d’échange local (SEL) ne se limitent pas à l’échange de connaissances, et apportent en plus une dimension monétaire. Le principe est cependant très proche, et il me semble opportun de les évoquer à la suite des premiers.
Il existe une grande variété de SEL, avec notamment des philosophies qui peuvent être assez différentes. Je me focaliserai plus particulièrement sur les principes de SEL les plus égalitaires et les plus générateurs de lien social. Disons que je défendrai ici le modèle de SEL qui me semble le meilleur, même s’il en existe d’autres.
Le principe est donc le même que pour les réseaux d’échange de savoir : chacun met à disposition ses compétences, et, lorsqu’il vient en aide à quelqu’un d’autre, voit son compte (centralisé par l’association qui gère le SEL) crédité du montant correspondant à son travail : coups de main, bricolage, transport, enseignement, etc.
Quelle différence avec nos bons vieux euros, me demanderez-vous ? Il y en a quelques-unes, et d’importance :
1. La monnaie est locale. C’est-à-dire que l’argent virtuel que vous allez gagner ne peut être dépensé que dans le cercle du SEL. Il n’est pas valable ailleurs. L’immense avantage étant que l’activité économique générée reste parfaitement locale : il ne peut pas y avoir de déficit extérieur. Pour la Corse qui connaît des importations écrasantes par rapport à ses exportations, toute relocalisation de l’économie serait une bonne chose.
2. La monnaie n’est pas thésaurisable. On ne peut pas l’accumuler indéfiniment. Généralement, on peut cumuler l’équivalent de quelques heures de travail, histoire de fluidifier le système, mais on met une limite à cela. Il ne peut donc pas y avoir d’accumulation de richesses au sein du SEL.
3. Les compétences sont considérées comme équivalentes. Quelle que soit l’activité offerte, on considère qu’elle a la même valeur horaire. Ça a évidemment pour effet de valoriser certaines activités généralement considérées comme de peu de valeur. Dans le cadre d’un sel, une heure de travail d’un humain vaut une heure de travail de n’importe quel autre humain.
Bien entendu, comme dans le cadre des réseaux d’échange de savoir, l’un des principaux intérêts d’un SEL est la (re)création de lien social, notamment intergénérationnel.
Il ne doit évidemment pas y avoir de concurrence déloyale vis-à-vis des entreprises locales. En fait, le risque est faible : il y a peu de chances de voir quelqu’un passer l’essentiel de son temps à ses activités au sein du sel, puisqu’il n’y a pas la possibilité de capitaliser, ni d’utiliser la monnaie du SEL à l’extérieur : il faut donc impérativement trouver la réciproque assez vite : très dur de se « professionnaliser » dans le cadre d’un SEL, on y perdrait à coup sûr.
Comme pour les Réseaux d’échange de savoir, il existe un réseau national, Sel’idaire, des années d’expérience, et une fiche Wikipédia. Et il existe un SEL en Corse, à Purti-Vechju, dont vous trouverez les coordonnées via le site Sel’idaire.
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Idée n°80 : s’échanger nos savoirs « 1000 idées pour la Corse
24 mai 2011 at 10:23
Etrangement, lorsqu’on cherche (en français) les activités pratiquées par le Sel du Maquis on ne trouve rien hormis sa date de création sur les sites des journaux officiels. Et pourtant il existe depuis 13 ans!
Il me semble qu’un peu plus de communication ne serait pas superflue et qu’un site internet pourrait permettre de le faire connaître, d’attirer éventuellement de nouveaux participants et aider à faire des émules dans les autres régions.
Tis
26 mai 2011 at 10:56
Un autre groupe corse qui semble indépendant du réseau national t’intéressera peut-être. Créé en 2009 par Daniel Thomas, il a choisi la châtaigne comme monnaie d’échange. Intitulé CEL Services (nom peu attractif à mon avis), il semble pour le moment un peu actif vers Ajaccio mais l’un de ses membres propose aussi du dépannage informatique en Balagne pendant les week-ends : http://celservices.webnode.fr/
Tis
27 mai 2011 at 14:26
Merci pour ça aussi. Je regarderai ça à tête reposée, je serai plus tranquille au mois de juin.
fabien
30 mai 2011 at 20:39
En Corse, dans les lieus où sont échangés objets contre argent (plutot que du sel), il semble que tout le monde se connaisse. Tel caissière demande à une cliente des nouvelles de la famille, au supermarché même…
Jeuf
16 juin 2011 at 12:02