Idée n°114 : s’y mettre à plusieurs
C’était le parti-pris de ce blog, depuis le début : mon blog perso dans ce style inimitable qui n’appartient qu’à moi. Si ma mémoire est bonne, j’avais dit quelque part qu’un jour, peut-être, je l’ouvrirais à d’autres. Mais je ne me sentais pas de gérer une aventure collective, j’ai quelques problématiques ennuis de santé (vous aurez remarqué qu’il y a de longues périodes où je n’écris pas), et j’avais bien assez de me gérer moi-même. Animer une équipe, c’est une autre paire de manches.
Et pourtant, certaines des idées qui me tiennent le plus à cœur nécessitent d’être quelques-uns pour avoir une chance de réussite. Una Lenza da Annacquà a fait un travail formidable parce que nous étions 7, puis 8 à l’animer, et que j’ai été moi-même vite dépassé par l’enthousiasme des autres. De même pour le travail dont je vais vous parler, il nécessite d’être quelques-uns. « Je ne peux pas changer le monde à moi tout seul, il faudrait être au moins trois », disait Bill Mollisson, le père de la permaculture, qui a déjà changé beaucoup de choses. Bon, trois, c’est pas mal, mais ça permet pas de faire une belote, alors, si on peut être un peu plus que ça, je vous garantis qu’on peut y arriver.
Je l’avais déjà précisé il y a plusieurs années ici même. Ce qui manque cruellement en Corse, quand on veut agir et faire avancer les choses, c’est les outils appropriés. Je me focalisais à l’époque sur l’outil « forum de discussion sur Internet », parce qu’il me semble fondamental, mais d’autres outils numériques nous manquent cruellement, et aussi un certain nombre d’outils non numériques.
Je ferai prochainement une note pour préciser pourquoi je suis convaincu que nous devons impérativement développer en Corse la culture et les outils Internet (qui ne sont pas Facebook et consort, ce type de services est précisément à l’opposé de l’esprit d’internet et phagocyte aujourd’hui une quantité d’intelligence et de créativité considérable). En attendant, je ne peux que vous conseiller de vous intéresser à ce que dit Benjamin Bayart dans les (courtes) vidéos en bas de l’article.
En quelques mots cependant : sur un territoire aussi morcelé que la Corse, il est illusoire de penser développer des actions efficaces sans l’aide du numérique. Nous l’avons bien compris d’ailleurs quand il s’agit de nous révolter : nous faisons un usage des réseaux sociaux incroyablement efficace, qu’on a pu constater récemment quand il s’agissait de sauver un âne de l’euthanasie ou de se révolter contre un acte indigne à l’égard d’un chien. Plus anciennement et moins anecdotiquement, nous avons su faire usage du mail très efficacement quand il s’est agit de lutter contre un incinérateur, contre les atteintes à la loi littoral, ou contre un projet de Padduc indigne.
Mais de tels outils sont insuffisants lorsqu’ils s’agit non plus de se dresser ponctuellement contre quelque chose, mais bien de travailler à construire à long terme. Je le vois bien dans la plupart des instances auxquelles je participe : on fait une heure de route pour aller à la réunion, on travaille deux heures, on peut s’exprimer soi-même 10 minutes, et puis, juste au moment où on commençait à entrer dans le cœur des problèmes, la réunion se termine, et plus rien ne se passe jusqu’à ce qu’on reçoive la convocation à la réunion suivante. Impossible dans ces conditions d’approfondir les sujet, et bien évidemment de développer une pensée complexe et originale, qui nécessite du temps pour être expliquée.
Et c’est bien sûr là que les outils numériques seraient fondamentaux pour poursuivre les réflexions, les débats, entre deux rencontres physiques. Et qu’on ne me (re)dise pas qu’on entre là dans l’enfer du virtuel : ceci est très concret, ce sont des outils de travail, de débat, d’échange, qui sont furieusement sous-développés en Corse. Juste, nous n’avons pas cette culture-là, et nous ne savons pas à quel point ces outils sont efficaces quand ils sont bien employés.
C’est pour cette raison que nous avons démarré le projet de mettre en place ce type d’outils numériques, mais aussi de réfléchir à toute sorte d’autres outils permettant de participer à faire de la Corse un « territoire intelligent », par exemple selon la définition de Thanh Nghiem (territoires intelligents et communautés apprenantes) :
- déployer une intelligence collective, à travers l’expérimentation de solutions concrètes, donc locales, que l’on rend contagieuses par la « pollinisation des idées »
- pour permettre l’éclosion de solutions qui fonctionnent, le territoire est un échelon incontournable – milieu de création collective, d’expérimentation et d’apprentissage, nourrissant les acteurs, il doit être infrastructuré de manière à permettre l’intelligence, au sens de la mise en lien organique, constitutive d’un écosystème libre et durable
- cette innovation ascendante ou écosystème durable ne peut prendre forme sans des communautés apprenantes. Réciproquement, sans point d’appui territorial, les réseaux même apprenants ont du mal à s’incarner dans des solutions durables, ils restent à l’état « virtuel » ou conceptuel
- c’est donc la rencontre entre des territoires intelligents et des communautés apprenantes qui est au coeur du changement vers un « mieux vivre autrement »
Et pour commencer tout de suite par quelque chose de concret, avec l’idée que si on ne le fait pas nous-mêmes, ça ne se fera jamais, 1000 idées pour la Corse a installé un forum de discussion pour avancer sur ce projet. Forum auquel toute personne de bonne volonté est invitée à s’inscrire et à participer activement. Parce que si on s’y met à plusieurs, je vous garantis qu’on peut changer beaucoup de choses.
—
Pour réfléchir un peu sur l’intérêt du net dans l’évolution de la société, ces deux vidéos. Elles sont courtes, c’est le mois d’aout, mais je ne peux que vous engager à écouter les conférences de Benjamin Bayart, ce n’est jamais du temps perdu.
—
Retrouvez tous les articles de 1000 idées pour la Corse.
Sauf mention contraire, le contenu de cette page est sous contrat Creative Commons
JE SURFE DEPUIS QUELQUES HEURES NOCTURNES ET TRANQUILLES pour préparer la création de mon potager en permaculture quand je rentrerai « chez moi » ,en Corse! ET QUE LIS JE !!!!! VOTRE BLOG FABIEN….. J’ADORE!!!!ENFIN DE LA CULTURE AVEC DE VRAIS MORCEAUX DE CREATIVITE DEDANS……OUF CA ME RASSURE, CA ME RECONCILIE, CA M’ENCOURAGE …. C’EST PAS RIEN!!!!!alors faisons simple MERCI FABIEN!!!!!!!! Gabrielle de Casinca
Anonyme
9 août 2013 at 02:52
Merci !
Accessoirement, je suis référent pour la Corse de l’association française de permaculture « brin de paille », si ça peut aider.
fabien
9 août 2013 at 10:13
[…] de parfaits inconnus (ne serait-ce que parce que je l’ai déjà cité quelques fois, si, si, souvenez-vous), il est probable que la majorité d’entre vous n’a jamais regardé une de ses grosses […]
Idée n°119 : remettre Facebook à sa place (1) | 1000 idées pour la Corse
11 avril 2014 at 18:35