Idée n°124 : jardiner, naturellement (2) : la permanence
Bon, j’ai promis à ma mère que le prochain article du blog serait sur le jardin, alors, puisque c’est à peu près noël, maman, ceci sera ton cadeau, fait main, local, et garanti sans OGM. Et ça tombe pas si mal que ça, parce qu’on va parler notamment de la gestion d’un jardin en hiver. Moment important dans la gestion d’un jardin écologique.
Autour de moi, la plupart des jardiniers ont stoppé toute activité vers la fin octobre. Certains ont alors labouré leur jardin, d’autres le feront au printemps. C’est bien dommage pour deux raisons : la première, c’est qu’en dehors des périodes de froid sévère, (donc au pire quelques jours à quelques semaines dans l’année en Corse, selon le lieu), on peut obtenir des choses comestibles dans un jardin toute l’année. La seconde, parce que la fertilité de votre sol au printemps dépend beaucoup de ce que vous y avez fait en hiver.
Un sol laissé sans végétation en hiver perd beaucoup de sa fertilité : les nutriments présents dans le sol à l’automne sont lessivés par les pluies et perdus pour la saison suivante (accessoirement, ils vont polluer les rivières ou les nappes phréatiques). Il est donc impératif de faire pousser autant de végétation que possible en automne, et de conserver cette végétation le plus longtemps possible : elle captera les nutriments du sol. En gros, votre jardin à la fin de l’automne devrait ressembler à ça :
Si l’hiver est doux chez vous, réjouissez-vous : vous allez pouvoir continuer à récolter de quoi manger sans interruption jusqu’au printemps. Si l’hiver est froid, réjouissez-vous. Vous aurez certes une interruption des récoltes (encore qu’un certain nombre de plantes sauvages résistent à de basses températures, et que vous ayez la possibilité d’abriter partiellement vos plantes), mais le froid détruira naturellement ce qui a poussé à l’automne, et, dès les premiers rayons de soleil un peu vaillant de fin d’hiver, tout ça commencera très vite à se décomposer et à enrichir votre sol.
Dans les deux cas, vous vous retrouverez au printemps avec un sol à l’activité biologique intense, déjà partiellement enrichi, et apte à tirer profit des amendements que vous apporterez (avec parcimonie) à ce moment-là. En revanche, si vous labourez votre sol à l’automne, il ne restera pas de nutriments au printemps, et la vie biologique sera affaiblie : non seulement votre sol sera appauvri, mais les amendements que vous apporterez au printemps seront moins efficaces.
Pour tirer le meilleur parti de tout ça, il convient d’appliquer une deuxième astuce, l’autre face de la permanence : la permanence des planches de culture. C’est très simple : au lieu de cultiver en lignes qui bougeront à chaque nouvelle culture, en marchant entre les lignes, on cultive sur des planches permanentes. En pratique, on commence à organiser le jardin en traçant les chemins, avec des planches de 80 à 120cm de large selon les méthodes, plates ou bombées (parfois même concaves), selon les conditions. Ca peut ressembler à ça :
Sur la première photo, les premières buttes du Sens de l’Humus, à Montreuil, en 2006. Là, on avait un problème de nappe d’eau qui affleurait en hiver et un sol très lourd. Il était intéressant en conséquence de faire des buttes surélevées. Sur la seconde photo, à Corte, le terrain est en légère pente, avec un climat sec en été, de fortes pluies en hiver : il était plus important d’aplanir, pour éviter le ruissellement. Mais dans les deux cas, le principe est le même : des planches d’1m à 1,20m de large, qui ne bougeront plus, et sur lesquelles on ne marchera pas. La troisième photo est une planche cortenaise, deux mois plus tard, une fois les cultures installées.
En résumé, un jardin écologique fonctionne selon deux principes de permanence : des planches de culture permanentes, sur lesquelles on stimule en permanence la vie biologique (essentiellement en y faisant pousser autant de choses que possible, toute l’année si c’est possible). Il y a une demi-douzaine d’autres principes à connaître, mais ça, ce sera une autre fois.
Bonne fin d’année à tous.
A la demande de la mamma, la photo de la récolte du 26 décembre :
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Penser en terme de permanence, c’est concevoir, juger, anticiper ce que l’on fait sous forme de cycles. C’est important de faire comprendre que le printemps se prépare. Tous les printemps d’ailleurs. C’est la logique profonde de l’hiver.
Jean-Joseph
28 décembre 2014 at 11:39
J’apprécie beaucoup le cadeau.Merci.
Mais comme je suis une maman exigeante, je trouve qu’il
manque juste la photo de la récolte d’hiver!!!!!.
Maman
28 décembre 2014 at 14:00
Toujours un plaisir de lire et relire ce blog.
Je n’aurais pas le temps de visiter l’asso des Jardins du Cap corse à Luri pendant mon prochain séjour en janvier mais j’aimerais y faire du wwoofing cette année.
Gardons nos belles utopies pour changer le monde actuel
Serena
2 janvier 2015 at 07:25
Merci pour la photo supplémentaire, j’aurai volontiers dégusté ces petites patates de Noël avec toi.
Maman
2 janvier 2015 at 09:20
[…] blog, un autre article sur le jardin. C’est maman qui va être contente. Bref, poursuivons. Si vous avez suivi les conseils précédents, et veillé à ce que votre jardin ait bien travaillé tout l’hiver (c’est-à-dire ait […]
Idée n°125 : jardiner, naturellement (3) : le sol | 1000 idées pour la Corse
6 avril 2015 at 16:19