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Idée n°125 : jardiner, naturellement (3) : le sol

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Voilà voilà. Pour la résurrection pascale du blog, un autre article sur le jardin. C’est maman qui va être contente. Bref, poursuivons. Si vous avez suivi les conseils précédents, et veillé à ce que votre jardin ait bien travaillé tout l’hiver (c’est-à-dire ait capté les rayons rasants du soleil pour les transformer tant bien que mal en fertilité), normalement, sous nos climats, vous devriez avoir récolté régulièrement depuis décembre de quoi faire au moins soupes et salades, et début mars, ça devrait ressembler à une luxuriante micro-jungle bourdonnante, comme ça :

Forêt de fêves 8 mars 2015 Jungle 8 mars 2015 Brocolis 8 mars 2015

Il ne vous reste plus alors qu’à enchaîner sur la saison suivante en respectant la règle de la permanence. Surtout, ne rasez pas tout, contentez-vous d’ouvrir des espaces cultivables à mesure de vos besoins, au milieu de la végétation, qui abrite toute la vie dont l’équilibre de votre jardin a besoin. Cette année, les coccinelles sont en place bien avant les pucerons, parce qu’elles ont pu s’abriter dans tout ça. L’an dernier, quand nous avons récupéré le jardin, elles avaient deux mois de retard et on a perdu les deux-tiers de notre première plantation de tomates.

Mais avant d’en arriver là, et après la première étape qui consistait à délimiter les zones de culture, nous avons consciencieusement travaillé la fertilité de notre sol. Travailler la fertilité d’un sol veut dire précisément travailler le sol le moins possible, et lui donner de quoi manger. Le monsieur rigolo sur cette vidéo l’explique très bien et me fait gagner la moitié d’un article d’explications.

Ce qui me permet d’aller un peu plus loin dans les détails de l’acte fondamental du jardin agroécologique qu’est le paillage, c’est-à-dire l’action consistant à couvrir un sol avec divers débris organiques : paille, bois, résidus divers, herbe, tontes de gazon, feuilles, etc. Tous les sols devraient être couverts avec quelque chose d’organique au moins 10 mois par an. Cette couverture organique a plusieurs utilités : protéger le sol des agressions (soleil, pluie, vent…) ; réduire l’évaporation de l’eau ; et surtout, stimuler la vie du sol.

Un sol est un organisme complexe, et vivant. Comme tous les organismes vivants, il n’apprécie guère qu’on l’agresse (même s’il est parfois judicieux de le stimuler), et comme tous les organismes complexes, il ne peut fonctionner que si on respecte sa complexité. En gros, votre seule utilité en tant que jardinier est votre capacité à accélérer et amplifier les phénomènes naturels. Il faut comprendre comment ça marche, et faciliter les processus. Ou plutôt, il ne faut pas trop chercher à savoir comment ça marche, juste l’essentiel, et ensuite, laisser faire.

Et l’essentiel, en très simplifié, c’est ça :

1. Ce sont êtres vivants qui fabriquent et régénèrent le sol : les plantes captent la lumière solaire et la transforment en énergie, par le biais du CO2 de l’atmosphère et de l’eau qu’elles transforment en sucres (donc énergie).  Les plantes fournissent de l’énergie à tout un tas d’organismes qui décomposent la roche en argiles et en minéraux. A la mort des plantes, le mélange entre la matière organique en décomposition, les argiles et les minéraux forme le sol.

2. Plus il y a de plantes qui vivent et qui meurent sur un sol, plus il y a de vie dans le sol, et plus il y a de plantes qui poussent. Pour qu’un sol soit fertile, il faut qu’il y pousse des plantes, ou à la rigueur qu’il s’y décompose ce qui a été des plantes (paille, herbes, feuilles, fumier…).

3. En conséquence, quand on démarre un jardin, la première chose à faire est de le pailler. La seconde est d’y faire pousser des choses. Le plus possible de choses. Comme ça :

1 automne brun 1paillage2 Planche permanente Agroécologie 2

4. Et évidemment, tout ce qui a poussé sur un sol doit retourner au sol. On ne brûle rien, on ne jette rien. Ni herbe, ni paille, ni bois.

5. Et pour que le paillage soit le plus efficace possible, on suit le rythme de la nature :

– Au début du printemps, on paille peu, pour laisser le sol se réchauffer. On paille plutôt avec du vert puisque c’est ce qu’on trouve à ce moment-là. Ca tombe bien, c’est ce dont ont besoin les organismes vivants du sol à cette époque : quelque chose de facile à décomposer parce qu’il fait encore frais, et chargé en azote, parce que c’est la période de prolifération de la vie du sol, et que la vie a besoin d’azote.

– A la fin du printemps et en été, on paille beaucoup. On paille plutôt avec du jaune (paille, foin), parce que c’est ce qu’on trouve en cette saison. Ca tombe bien, ça protège le sol de la chaleur excessive et ça maintient le sol humide, et c’est ce qu’il faut aux organismes du sol pour rester pleinement actifs, nourris par le paillage équilibré qu’on leur fournit généreusement.

– Au milieu de l’été, on cesse les apports en paillage, on laisse la paille réduire et brunir, pour qu’à l’automne la chaleur puisse à nouveau atteindre le sol. Les sucres les plus accessibles auront été décomposés, il restera principalement les molécules un peu complexes plus carbonées. Ca tombe bien, c’est la période où la vie du sol décroit et où les organismes meurent progressivement en libérant leur azote, permettant aux champignons d’attaquer plus efficacement la lignine.

– A l’approche des premières gelées, on paille à nouveau plus généreusement ce qui a besoin d’être protégé, avec des feuilles, des restes de paille, des brindilles, puisque c’est ce qu’on trouve en cette saison. Ca tombe bien, c’est la pleine période des champignons, qui décomposent les feuilles et le bois. Bois qu’on utilisera avec parcimonie s’il dépasse le diamètre du petit doigt. Par prudence, uniquement dans les allées si on n’est pas sûr de ce qu’on fait. Le bois est formidable, mais il peut être dangereux pour le sol s’il est mal utilisé. Et surtout, encore à cette période, on laisse pousser tout ce qui veut pousser, pour capter toute l’énergie solaire possible en hiver.

– Tout au long de l’hiver, on laissera réduire le paillage, pour se retrouver en mars avec une couverture du sol minimale, qu’on pourra retirer quelques semaines pour laisser réchauffer le sol et qui ensuite, mélangée à la végétation qui aura poussé en hiver, fournira en avril-mai le paillage vert évoqué plus haut. Ce sera aussi le moment d’ajouter si nécessaire du fumier, toujours en surface du sol (beaucoup d’azote, foncé, idéal donc pour le début du printemps, encore frais).

En images, pour notre première année, ça donne ça (avril, juin, octobre, décembre).

1Giardinellu 1paillage2  1 paillage automne solstice d'hiver 2014

En résumé : paillez avec ce qui est disponible à chaque moment de l’année. Découvrez votre sol quelques semaines au printemps si ça vous semble utile, ainsi qu’au moment des semis. Gardez tout ce qui pousse dans votre jardin, vous pouvez le couper à la main ou au sécateur pour accélérer le processus naturel, et si c’est du bois, le laisser dans les allées. Paillez plus quand il fait très chaud ou très froid, moins dans les périodes intermédiaires. Et avant tout, faites pousser autant de choses que possible, laissez le moins d’espaces possible, le moins souvent possible. Oubliez les sols à nu qui se dessèchent et meurent.

 

1semis de roquette Récolte 23 novembre 2014 1bois paille vie

Vous serez étonné des résultats.

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Written by fabien

6 avril 2015 à 16:19

Publié dans En pratique

Une Réponse

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  1. (avec 2-3 nuances s’agissant du paillage https://senshumus.wordpress.com/2008/11/15/matiere-organique/ )

    Koldo

    5 août 2018 at 16:25


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