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Idée n°132 : jardiner, naturellement (4) : l’écosystème

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Puisque c’est le printemps, et puisqu’il apparaît de plus en plus clairement que ce qu’on nous fait bouffer est dégueulasse, c’est le moment de revenir aux fondamentaux. Au jardin, avec sans doute la notion la plus centrale de l’agroécologie : l’écosystème.

En agroécologie, on ne fait pas pousser des plantes, on n’élève pas d’animaux : on organise un écosystème. Dans lequel s’épanouiront des plantes et des animaux. Enfin, si on a bien réussi son coup. Parce que les écosystèmes cultivés, c’est comme les chasseurs. Il y a les bons, et il y a les mauvais.

Un bon écosystème, pour un jardinier ou un agriculteur, ce sera d’abord un écosystème fertile, et productif. Fertile, c’est-à-dire qui produit beaucoup de vie, de biomasse, de nutriments. Productif, c’est-à-dire qui produit beaucoup de vie, de biomasse, de nutriments utilisables par le jardinier ou l’agriculteur. Ce sera ensuite un écosystème résilient, c’est-à-dire capable d’encaisser les coups du sort, par exemple les aléas climatiques, et de s’en remettre au mieux. Un écosystème cultivé fertile, productif et résilient est sans doute un bon écosystème.

Pour obtenir un bon écosystème, c’est donc très simple : il suffit de comprendre comment fonctionne un écosystème naturel, et de faciliter les processus pour le rendre plus fertile, de l’adapter pour le rendre plus productif, et de le renforcer pour le rendre plus résilient.

Un écosystème plus fertile
En quelques mots, la fertilité naturelle, ça marche comme ça : des êtres vivent et meurent en un lieu donné, et par un processus complexe d’interactions produisent un mélange de minéraux et de matière organique appelé sol. Ce sol, en retour, stocke et régule les ressources fournies par les êtres vivants et facilite leur croissance. Plus le système est efficace, et plus des quantités importantes d’êtres vivants prospèrent sur ce sol, alimentant en retour de plus en plus efficacement le sol.

Des moyens d’augmenter la fertilité, nous en avons quelques-uns à notre disposition. Par exemple en irriguant, en arrosant en période sèche, nous permettons à plus de végétation de pousser. Si cette végétation est ensuite rendue au sol d’une manière ou d’une autre, elle le rendra plus fertile. De même, protéger des plantes du froid en hiver, ou créer des microclimats, ou encore protéger les plantes du vent par des haies, ou permettre au sol de s’accumuler sur des pentes par des murs de pierre sèche sont autant de moyens d’augmenter la fertilité d’un écosystème. Ou encore tailler certaines plantes de manière judicieuse, ou utiliser des paillages pour garder le sol à des températures ou des taux d’humidité adéquats accélère fortement la production de biomasse. Ou encore apporter des engrais ou amendements (du bio, s’il vous plaît), à condition que ceux-ci ne viennent pas créer des déséquilibres

Bref, améliorer la fertilité d’un écosystème est assez facile. Il suffit d’accélérer et d’amplifier les phénomènes naturels. C’est sans doute la première chose, et la meilleure, qu’on puisse faire en tant que jardinier ou agriculteur.

Un écosystème plus productif
Les choses se compliquent quand on parle de productivité. C’est-à-dire de la part de la fertilité que le jardinier ou l’agriculteur va pouvoir s’autoriser à prélever sur l’écosystème sans mettre celui-ci en péril. Le problème de l’appauvrissement des sols est lié à cela : prélever sur un écosystème plus de récolte que celui-ci n’en peut supporter conduit à l’appauvrir et à le fragiliser.

La règle est simple, sur le papier : vous avez théoriquement le droit de prélever sur votre écosystème au maximum le surplus de fertilité que vous lui avez apporté. Le reste doit rester dans l’écosystème, ou y retourner. Le problème est évidemment d’évaluer ce qu’on peut se permettre de prélever. Dans un système agricole, ça peut être assez complexe à évaluer, dans un jardin, fiez-vous à votre sens de l’observation. Une fertilité qui augmente ou diminue, ça se voit, ça se sent, quand on prend le temps de sentir les choses. Prenez le temps.

Un écosystème plus résilient
Un exemple simple : imaginons que vous viviez dans une région aux étés chauds et secs (ça devrait pas être difficile). La résilience de votre système à la sécheresse va dépendre de pas mal de facteurs, que vous pouvez améliorer. On ne peut guère compter sur les précipitations naturelles, il faut compter sur des arrosages réguliers, il faut donc un approvisionnement en eau. Mais cet approvisionnement peut faillir. La première mesure peut être de multiplier les sources d’approvisionnement (la rivière, une source, l’eau du robinet pour les cas d’urgence…). On peut multiplier les stockages, comme Jean de Florette. En cas de rupture d’approvisionnement, un bassin bien rempli en plus peut vous sauver la mise. Mais il n’y a pas que les bassins qui stockent l’eau. Un sol de bonne qualité d’un mètre de profondeur (ce qu’on trouve dans les jardins de villages) peut stocker jusqu’à 150l d’eau par mètre carré. Améliorer son sol permet donc de stocker beaucoup d’eau. Un paillage permet de réduire l’évaporation…

On peut aussi choisir des plantes adaptées, des plantes méditerranéennes, des variétés potagères et fruitières patiemment sélectionnées au fil des ans. Bref, plus on multipliera face à un danger donné les réponses, plus l’écosystème sera résilient. La résilience est largement fonction de la complexité.

Et dans un écosystème, la complexité passe beaucoup par la biodiversité : plus votre écosystème comptera d’espèces variées, de tous les règnes possibles du vivant, et plus il sera résilient. En cas de coup dur, plus la biodiversité est faible, et plus vous avez de risque que les quelques espèces présentes soient impactées au point que tout s’effondre. Rien de plus fragile qu’un champ de blé moderne, constitué de millions de clones en monoculture. Qu’un ravageur apparaisse, et c’est un boulevard pour lui. C’est pour cette raison qu’on balance ces quantités phénoménales de produits en « cide » sur les cultures industrielles.

Mais la biodiversité, ce n’est pas seulement beaucoup de plantes différentes. Bien entendu, avoir autant de plantes que possible dans un jardin est important, mais il y a une part fondamentale de la biodiversité des écosystèmes à laquelle on pense rarement. C’est la nécromasse. Soit toute la matière organique en train de se décomposer. Une vieille forêt est pleine de bois mort, le sol est recouvert de feuilles en décomposition, et une quantité phénoménale d’animaux petits et grands, de champignons, de bactéries, y termine son existence à chaque instant. La mort fait partie de la biodiversité, et appelle de la biodiversité : tous les nécrophages qui viendront transformer ces cadavres augmenteront la biodiversité. Et ils sont prodigieusement nombreux : bactéries pour décomposer notamment la cellulose, champignons attaquant la lignine, invertébrés pour réduire les gros morceaux, larves diverses pour la charogne infâme au détour du sentier ce beau matin d’été si doux…

N’enlevez pas la nécromasse, ne la brûlez pas, et ne compostez pas tout : il y a énormément de vie dans un compost, vous l’avez compris, beaucoup d’énergie dépensée pour transformer toute cette matière. Vous avez tout intérêt à ce qu’une bonne partie de cette vie et de cette énergie soient dispersées un peu partout dans votre jardin. Laissez de la matière organique se décomposer un peu partout. De l’herbe, du foin, de la paille, des feuilles, du bois… Vous avez le droit d’accélérer le processus à coups de sécateur, de hache-paille ou de broyeur, c’est tout.

Brocolis 8 mars 2015


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Written by fabien

10 avril 2016 à 19:23

Publié dans Sans classement fixe

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