Evolution et nutrition
Dans les discussions concernant l’alimentation humaine, diverses affirmations se référant à l’évolution sont employées comme arguments :
- Nous possédons le même système digestif que les grands singes. Ceux-ci sont végétariens. Nous devrions donc être végétariens. Voire frugivores. Notre système digestif et notre dentition sont par ailleurs similaires à ceux des herbivores.
- Les chasseurs-cueilleurs consommaient principalement des végétaux, parce que l’accès aux ressources animales était difficile. D’ailleurs, nous ne possédons pas de crocs ni de griffes nous permettant d’attraper nos proies.
- C’est le feu, et non la viande, qui a été à l’origine du développement de notre cerveau.
- Les végétaux sont des sources de protéines aussi bonnes que les produits animaux, donc il n’est pas nécessaire de consommer ces derniers.
- Nous n’avons pas génétiquement évolué depuis le paléolithique supérieur. Une alimentation idéale devrait donc être calquée sur celle de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs.
- Au paléolithique, on ne consommait ni céréales ni légumineuses. Une alimentation de type paléo ne devrait en conséquence pas contenir ces catégories d’aliments.
- Quoi qu’il en soit, même si l’alimentation animal a été essentielle à notre évolution, du fait de nos capacités modernes de production de nourriture, il n’est plus nécessaire de consommer des produits animaux.
…
« Nous, humains, avons le même système digestif que nos cousins grands singes »
Différences entre humains et autres primates en matière de système digestif.
La séparation de la lignée humaine de celles des grands singes étant assez récente, on retrouve en effet certaines similitudes entre les caractéristiques physiques de ces derniers et celles des humains. Pourtant, plusieurs différences relativement importantes sont à remarquer.
Volume
Les systèmes digestifs diffèrent considérablement par leur volume. Le volume du système digestif humain dans son ensemble est à peu près 40% plus faible que celui attendu en comparaison des autres singes anthropoïdes. On retrouve notamment ce résultat cité par Aiello et Wheeler dans The Expensive tissue hypothesis (Aiello, Wheeler, 1995).
Proportions
A l’intérieur de ce volume plus faible, la part du côlon est à nouveau plus faible chez l’humain que chez les autres primates (Milton, 1999a). Grossièrement : 20% du total contre 50%. Ce qui donne un volume global du côlon chez l’humain, rapporté à l’ensemble du corps, de l’ordre de 1/4 de ce qu’on trouve chez les autres primates. Le côlon étant la partie du système digestif critique pour la digestion des plantes, on peut estimer que la capacité de digestion de végétaux par les humains est significativement plus faible en volume que celle des autres primates.
Katarine Milton suggère tout de même dans cette étude des similarités en termes de capacités qualitative : les humains seraient en capacité de consommer à peu près les mêmes types de végétaux que leurs cousins, et ces végétaux seraient en outre nécessaires à une digestion et ou une nutrition correcte (ce qui semble effectivement assez probable). Mais dans une autre publication, la même année (1999), elle suggère que le moyen pour les premiers humains de contourner ce manque de capacité à digérer d’importants volumes a été justement la consommation de viande (Milton, 1999b).
En 2003, Katharine Milton souligne le « rôle critique » joué par la consommation de produits animaux dans l’évolution humaine (Milton, 2003). (ASF = Animal Source Food).
Le microbiote
Concernant ce microbiote, il semble que l’on retrouve certains similitudes entre celui des humains et celui des autres primates, mais avec un appauvrissement marqué chez Homo sapiens (Moellera, 2014), ce qui laisse là encore présupposer de moindres capacités de digestion des végétaux au moins en volume.
Conclusion
Globalement, si l’on considère l’importante différence de volume global du système digestif, le très faible volume relatif du côlon chez l’homme, et l’appauvrissement de notre microbiote, il semble difficile de soutenir qu’Homo sapiens puisse avoir des capacités de digestion des végétaux dans des volumes identiques à ceux que consomment les autres grands singes.
« Ok, nous avons semble-t-il moins de capacité à consommer des végétaux que nos cousins, mais ceux-ci sont totalement végétariens, on part donc de très loin »
Alimentation des autres primates
Parmi les primates, il semble exister des différences sensibles d’alimentation. Pour les plus proches de nous, les gorilles (genre Gorilla) semblent presque exclusivement végétariens, tandis que les chimpanzés communs (Pan troglodytes) consomment une certaine proportion de produits animaux, obtenue par la chasse. Les bonobos (Pan paniscus) semblent intermédiaires entre gorilles et chimpanzés.
Pour les plus éloignés, il semble exister un grand écart, allant de presque totalement végétarien à presque totalement carnivore (insectivore).
Alimentation du gorille
Les gorilles sont généralement considérés comme végétariens. Il est cependant rapporté la consommation d’invertébrés, parfois de manière involontaire (ils sont consommés avec les végétaux), contribuant probablement à l’alimentation du gorille sous forme d’oligo-éléments (Harcourt, 1984). Certains groupes, mais pas tous, consomment aussi volontairement des invertébrés, notamment des fourmis, toujours en quantités faibles (Ganas, 2004). Il se peut que très occasionnellement, des gorilles consomment d’autres animaux, vertébrés ou même mammifères (on retrouve les mêmes comportements chez de nombreux animaux végétariens) . Du fait de la rareté de ces comportements, il est difficile d’en tirer d’autres conclusions que le fait que les animaux végétariens ou herbivores ne rechignent pas à compléter leur ration à l’occasion, sans que cela leur soit forcément indispensable.
Alimentation du chimpanzé
Uné étude ancienne (1974) conclut que la fraction animale dans la ration des chimpanzés étudiés est de l’ordre de 5% (Hladik, 1974). Katarine Milton (1999a), déjà citée, reprend de telles valeurs (4 à 6%).
Cependant, une synthèse des études menées jusqu’en 2007 indique que les quantités de viande consommées par les chimpanzés sont variables, et peuvent être importantes, selon les lieux, surtout en ce qui concerne les mâles (Newton-Fisher, 2007). 5% de la ration semble alors un minimum, souvent largement dépassé, même si les 186g par jour des chimpanzés mâles de Taï semblent très atypiques :
Les proies chassées par les chimpanzés sont nombreuses, et incluent même parfois des enfants humains (Ducros, 1992) :
Alimentation des autres primates
Outre des invertébrés, de nombreux primates consomment des mammifères :
Conclusion
Il est difficile de conclure que les espèces cousines d’Homo sapiens soient strictement végétariennes. Toutes les espèces de singes anthropoïdes complètent leur nourriture à minima avec des invertébrés, dont la densité nutritionnelle est importante. De nombreuses espèces de primates chassent et consomment des mammifères, et certaines espèces insectivores ont une alimentation presque exclusivement animale.
« Bon, ok, plusieurs de nos cousins consomment de la viande en quantité modérée, mais nous avons quand même plus de points communs avec les animaux végétariens qu’avec les animaux carnivores. »
Autres éléments d’anatomie comparée
Longueur des intestins
On retrouve souvent l’affirmation selon laquelle les intestins humains seraient très longs, d’une longueur similaire à celle des animaux herbivores, et donc que nous serions nous-mêmes végétariens par nature. C’est notamment l’argumentaire de l’activiste végan Gary Yourofsky.
Il y a là une double affirmation : la première étant que les intestins des herbivores sont plus longs que ceux des carnivores, la seconde étant que les intestins humains sont d’une longueur similaire à celle des herbivores.
Pour la première affirmation, s’il semble que si, dans les grandes lignes, elle est exacte, il n’y a toutefois pas corrélation parfaite entre longueur relative des intestin et régime alimentaire, loin de là. Ainsi, entre espèces herbivores, les différences de longueur sont parfois frappantes, et étudiées depuis très longtemps (Bloch, 1904) :
A l’inverse, il semble qu’entre des espèces relativement proches génétiquement, on puisse trouver des régimes alimentaires très différents alors même que les caractéristiques des intestins sont très proches.
Pour la seconde affirmation, il semble difficile d’affirmer que la longueur des intestins humains soit plus proche de celle des herbivores que de celle des carnivores. En réalité, elle semble assez similaire à celle du chien (Henneberg et al., 1998).
Par ailleurs, il est souvent affirmé que la longueur des intestins des lions est de 2 mètres. Ce n’est absolument pas ce que l’on retrouve dans les études scientifiques sur la question, bien loin de là, puisqu’on retrouve plutôt des valeurs entre 7 et 8 mètres pour les lions adultes, soit la longueur des intestins humains en valeur absolue (Smith et al., 2006) :
L’acidité de l’estomac humain est quant à elle comparable à celle des carnivores, voire des charognards (Beasley, 2015).
« Bon, ok, on a aussi des points communs avec des carnivores, voire avec des charognards, mais justement, c’est parce que nous étions, durant la préhistoire, de mauvais chasseurs, nous n’avions accès qu’aux restes »
L’accès à l’alimentation animale était-elle difficile pour les humains du paléolithique ?
Un argument souvent opposé à la possibilité de chasser pour les humains préhistoriques est l’absence des crocs et des griffes nécessaires à la chasse. C’est l’un des arguments de Gary Yourofsky, mais aussi du site végan « Vive la B12 » (Vive la B12, 2018) :
Ou encore, de l’auteure féministe de science-fiction (excellente par ailleurs) Ursula Le Guin (Le Guin, 1986) :
Pourtant, ce n’est pas ce que disent les données archéologiques. Elles suggèrent au contraire la consommation, très tôt dans l’histoire de l’humanité, de très grands animaux, et une capacité remarquable à aller contester des proies aux grands prédateur, dans un premier temps, puis à mener soi-même la chasse de gibiers de taille moyenne par la suite. En fait, la liste est très longue des animaux chassés par les humains depuis le début du pléistocène.
Outils, culture, savoir-faire…
Parmi les animaux que l’on peut attraper sans griffe ni crocs se trouvent une panoplie tout à fait remarquable de petits animaux, c’est vrai. Mais parmi les animaux lents qu’il est possible d’attraper facilement ne se trouvent pas que des larves, des insectes et des limaces, loin de là. Les Achés du Paraguay attrapent des tatous, pacas (un rongeur d’une dizaine de kilos), nasuas (un mammifère carnivore d’environ 5kg) à la main (Hawkes et al., 1982). La même étude rapporte une méthode de pèche consistant simplement à créer un petit barrage avec des branches et à attraper les poissons à la main.
Le problème est que les primates en général, et les humains en particulier, utilisent des moyens culturels de contourner leurs limitations physiques (Grine, Daeglin, 2017).
Le fait de ne pas disposer d’armes naturelles prédisposant à tel ou tel comportement n’est donc pas totalement pertinent dans le cadre de l’étude des primates, et le devient de moins en moins à mesure que l’on avance dans le processus d’hominisation.
Mais des animaux beaucoup plus grands peuvent être obtenus tout aussi facilement. Par exemples des tortues, qui ne sont pas toujours petites. Il semble même que déjà des pré-humains aient pesé fortement sur des populations de tortues géantes il y a 2,6 millions d’années (Rhodin et al., 2015).
Il est particulièrement difficile à un occidental (d’autant plus s’il est citadin) d’imaginer l’ingéniosité dont peuvent faire preuve les sociétés primitives pour accéder à des ressources animales, et la facilité avec laquelle certaines de ces ressources peuvent parfois être acquises, d’autant plus lorsque l’on possède des mains, quelques outils simples et des capacités de coordination, par exemple, dans la compétition pour une carcasse (Ducros, 1992).
Et effectivement, la paléoanthropologie montre que les premiers humains consommaient aussi de grands animaux (Pobiner, 2017) :
Ici (Bunn et al., 1993) les auteurs indiquent que les preuves disponibles suggèrent que les premiers hommes se confrontaient aux grands prédateurs pour obtenir des carcasses pratiquement intactes de grands animaux, en plus de chasser de petit animaux, l’ensemble apportant des quantités significatives de viande et de graisses, qui étaient une importante source de calories, vitamines et minéraux :
Plus loin, les auteurs précisent que c’est vers -1,9 millions d’années que l’on commence à trouver ces niveaux importants de consommation, ce qui nous porte assez loin dans le passé (Bunn et al., 1993) :
Des études plus récentes confirment que les premiers hommes utilisaient d’autres méthodes que le charognage passif et obtenaient à la fois du petit gibier, du gibier de taille moyenne, mais aussi de plus grands gibiers (Dominguez-Rodrigo, 2009) :
Une étude de 2018 confirme encore la thèse d’un « early acces scenario » (Parkinson, 2018 :
Une autre étude précise le type de proies consommées par les premiers humains, il y a près de 2 millions d’années, par les tout premiers représentants du genre Homo. On y trouve notamment un « petit » animal connu sous le nom de crocodile (Braun et al., 2010) :
Quant aux grands animaux, mammouths et éléphants, leur consommation est bien attestée, et en grande quantité, à des époques plus récentes mais pas forcément à la toute fin du paléolithique, loin de là. Une étude de 2011 montre qu’au Levant, des Homo erectus, il y a 400 000 ans étaient dépendants (le terme est important, il signifie clairement que ces hommes comptaient sur une consommation régulière) d’éléphants, représentant une part très importante de leur alimentation (autour de 60% de leurs calories), et que leur disparition a causé une difficulté majeure pour ces Homo erectus. (Ben-Dor et al., 2011) :
La même étude rappelle qu’Homo erectus semble être associé à toute une gamme de grand gibier, hippopotames, rhinoceros, cerfs géants, bovins… :
Les données chiffrées sont impressionnantes dans cette étude, les éléphants comptant pour environ 60% des calories animales de l’alimentation de ces Homo erectus :
De manière contre-intuitive, enfin, la chasse aux éléphants était plus facile et plus rentable que la chasse de gibiers plus petits, ce qui semble avoir causé ici le remplacement des populations d’Homo erectus par d’autres populations plus capables, peut-être des Homo sapiens.
Une autre étude récente montre, vers -30 000 ans, une forte dépendance d’Homo sapiens, cette fois, envers la viande de mammouths sur plusieurs sites étudiés en Moravie. Dans ce cas comme dans les précédents, on est loin du « menu fretin sans défense » suggéré par Ursula Le Guin, et il s’agit d’études récentes utilisant des méthodes sophistiquées d’investigation (Bocherens et al., 2015) :
Les humains ne sont d’ailleurs pas dépourvus de capacités physiques tout à fait utile pour chasser
Certaines armes purement physiques, notamment liées à la bipédie, semblent elles-mêmes propres au genre Homo. De multiples adaptations ont ainsi rendu les humains, peut-être depuis Homo habilis, plus certainement depuis Homo erectus, particulièrement adaptés à la course d’endurance.
Il est supposé que cette capacité de course sur de longues distances, couplée à une capacité accrue de régulation de la température corporelle, grâce à la forme générale longiligne du corps humain, à la moindre surface exposée au soleil en milieu de journée, et à une augmentation des capacités de sudations, a fait des humains, à partir d’Homo erectus, de potentiels redoutables chasseurs « à l’épuisement » (Bramble, Lieberman, 2004).
En résumé :
Jusque dans les années 1980, le genre Homo est considéré comme très bon marcheur, mais mauvais coureur, du fait de ses faibles qualités de sprinteur.
En 1983, deux chercheurs de l’Université de l’Utah, Dennis Bramble et David Carrier, découvrent que la position bipède permet aux humains d’améliorer leurs capacités de respiration durant la course (Bramble, Carrier, 1983).
En 1984, David Carrier (Carrier, 1984) émet l’hypothèse théorique que cette capacité permet aux humains de tenir de très longues distances en endurance, ouvrant la possibilité d’un type de chasse particulier appelé chasse à l’épuisement (persistance hunting).
En 2004, un article de Dennis Bramble et Daniel Lieberman paru dans Nature consolide l’hypothèse de Carrier et résume les avantages humains en matière de course d’endurance.
D’autres articles suivront précisant le rôle de certains muscles (grand fessier…) ou l’avantage thermique lié à la perte de la pilosité paraissent dans les années suivantes.
– Meilleure gestion de la respiration.
– Meilleures capacités de transpiration permettant de réguler mieux la température corporelle aux heures chaudes.
– Meilleure régulation de la température accrue encore par le caractère longiligne du corps humain, qui dissipe bien la chaleur, et par la faible surface exposée au soleil de midi sous les tropiques.
– Multiples adaptations à la course, notamment renforcement des chaines tendineuses (tendon d’Achille, tendon nuchal), musculaires (grand fessier), squeletiques (courbure de la colonne vertébrale…).
…
« Il n’en reste pas moins que durant très longtemps, nous avons consommé très peu de produits animaux, ce n’est qu’au 20ème siècle, à la rigueur au néolithique, que la consommation augmente brutalement. »
C’est l’avis de l’association PETA (Peta.org) :
C’est aussi l’avis de Colin Campbell, l’auteur de l’essai à succès The China study (en français : Le rapport Campbell). (in Freston, 2009)
Cette affirmation de Campbell est d’autant plus surprenante que, précisément, on sait depuis longtemps que l’inverse s’est précisément produit, à savoir que le passage au néolithique a résulté en une réduction importante de la quantité de produits animaux consommés. De récentes études génétiques confirment ce fait, mais aussi l’apparition à partir de cette période et chez certains humains, mais pas tous, d’une certaine capacité d’adaptation à une alimentation plus végétale (Ye, 2017) :
Ici (Hermanussen, 2003), on chiffre même la réduction de la consommation de viande au néolithique à plus de 80% (il reste seulement 10 à 20%) :
Au néolithique, précisément, le changement d’alimentation du plus carné vers le moins carné a coincidé avec une baisse importante de la stature des humains, ce qui est un indicateur certain de stress nutritionnel (Hermanusen, 2003). D’autant plus (voir plus bas, paragraphe consacré au cerveau) que la taille du cerveau humain a elle aussi diminué au néolithique.
« Ok, on mangeait pas mal de viande au paléolithique, mais la consommation des chasseurs-cueilleurs reste quand même très inférieure à l’orgie du monde occidental moderne ».
Chasseurs-cueilleurs étudiés au 20ème siècle
Contrairement à une idée très répandue, les sociétés de chasseurs-cueilleurs étudiées consomment plutôt de grandes proportions de produits animaux, souvent supérieures à celles consommées par les habitants modernes des Etats-Unis. Ainsi, une étude menée par Loren Cordain & al. en 2000 souligne-t-elle que le ratio végétal / animal est de 62 pour 38 aux Etats-Unis et que seules 13,5% des sociétés de chasseurs-cueilleurs étudiées ont un ratio plus important en faveur des végétaux (Cordain et al., 2000) :
La consommation de produits animaux a tendance à augmenter avec la latitude (relativement faible consommation près de l’équateur, très forte consommation en approchant des pôles), mais cette consommation peut déjà être importante sous les tropiques, notamment en Australie et en Amérique du sud (Brand Miller et al., 2015).
Une étude plus générale (attention, l’extrapolation de la courbe fait tomber la consommation de végétaux au-dessous de zéro au-delà de 70° de latitude, ce qui serait aberrant, mais il n’existe en fait pas de populations étudiées à des latitudes aussi élevées) (Marlowe, 2015).
Une étude menée sur les Aborigènes en Australie, considère que la part d’aliments d’origine animale est supérieure chez les Aborigène chasseurs-cueilleurs à celle constatée chez les Aborigènes qui ont adopté une alimentation de type occidental (O’Dea, 1991)
« Bon, ok, les Homo sapiens chasseurs-cueilleurs consomment en moyenne beaucoup de viande, mais c’est propre aux Homo sapiens modernes, les premiers humains n’en consommaient pratiquement pas ».
Alimentation des pré-humains et des premiers humains
La consommation de produits animaux est bien attestée vers -2 millions d’années. Plusieurs question se posent :
– Quand cette consommation a-t-elle précisément commencé ?
– Les volumes consommés étaient-ils importants ou anecdotiques ?
– Comment les pré-humains (avant Homo habilis, en gros) et les premiers humains (Homo abilis, en gros) se procuraient-ils ces produits animaux ?
On retrouve déjà, chez certains australopithèques, des traces isotopiques suggérant une consommation significative de viande (avec quelques incertitudes). Ce qui serait en contradiction, déjà, avec leur dentition, qui, elle, ne semble pas adaptée à la consommation de viande (Teaford, 2000). L’hypothèse d’une consommation de viande semble se renforcer récemment avec la découverte, sur le site de Lomekwi, d’outils de pierre taillée datant de plus de 3 millions d’années (Harmand, 2015).
La consommation de viande ( et surtout la question de la régularité de cette consommation et des quantités consommées) reste relativement ouverte pour les pré-humains. En revanche, elle semble beaucoup plus claire pour les premiers humains, dès Homo habilis. Voici comment un article scientifique très récent synthétise la question (Pante et al., 2018) :
« On entend parfois dire que la viande a eu un rôle dans l’évolution du cerveau humain, mais c’est faux. C’est le feu qui est à l’origine de l’évolution de notre cerveau »
Rôle du feu dans l’évolution du cerveau humain
Aymeric Caron, utilisant des propos de Pascal Picq, affirme que c’est le feu, et non la viande, qui a été à l’origine du développement de notre cerveau, le feu ayant de plus, selon lui, servi principalement à rendre plus disponibles les nutriments des végétaux (par exemple ici). Pourtant, ces affirmations sont en débat, et sont loin de faire consensus, et à ce jour, l’hypothèse du rôle des produits animaux semble plus solide que celle du feu. Une étude approfondie récente affirme même que le feu n’est strictement pour rien dans cette évolution du cerveau (Cornelio et al., 2016) :
Aymeric Caron affirme en outre que le rôle de la viande dans l’évolution de ce cerveau est une légende urbaine. Là encore, il se trouve que cette « légende urbaine » est en réalité une hypothèse largement étudiée par la paléoanthropologie, et que l’hypothèse de la viande que les premiers humains auraient pu mieux utiliser grâce à leurs outils « colle » mieux aux différentes données biologiques et archéologiques que l’hypothèse du feu (Cornelio et al., 2016) :
L’hypothèse d’un rôle relativement important, ou très important, du feu dans l’évolution du cerveau humain reste cependant défendable. Elle l’est notamment par le paléoanthropologue Richard Wrangham, mais reste suspendue à la découverte de preuves plus solides d’utilisation du feu au début du pléistocène. La question fondamentale, et qu’il pose lui-même, étant : si le feu a eu un impact dans l’évolution du cerveau humain : « quand ce processus a-t-il commencé ? (Wrangham, 2017) :
Le commencement d’un accroissement massif du cerveau dans la lignée humaine commence au tout début du pléistocène, autour de -2 ou -3 millions d’années. Henry de Lumley, paléoanthropologue français, a consacré un livre très complet à la question de la domestication du feu en 2017, recensant toutes les données archéologiques indiquant une maîtrise du feu à travers la préhistoire. Son propos est résumé sur le 4ème de couverture du livre (Lumley, 2017) :
Or, si le feu n’est maîtrisé qu’il y a 400 000 ans, comment peut-il avoir eu une influence sur un processus démarré il y a plus de 2 millions d’années ? La thèse du feu à l’origine de l’évolution du cerveau humain dès le départ nécessiterait donc que l’on fasse des découvertes suffisamment probantes d’utilisation du feu il y a 2 millions d’années au moins, et est donc considérée, à ce jour, comme moins solide que la thèse de la consommation de produits animaux. Parce que cette consommation d’animaux est, elle, certaine il y a 2 millions d’années, et a pu être favorisée par la maîtrise des outils lithiques, comme le montre ce graphique (Bradshaw Foundation, 2012, j’ai rajouté la remarque sur la maîtrise probable du feu) :
En fait, la date supposée de maîtrise du feu est très floue : 400 000 ans étant un peu la date médiane des diverses suppositions apportées par les différents éléments de preuve. A cela s’ajoute que maîtrise du feu n’implique pas forcément cuisson des aliments (on peut avoir utilisé le feu pour plein de raisons autres que la cuisson (se chauffer, éloigner les bêtes, etc.). En conséquence, les hypothèses pour une première utilisation de la cuisson s’échelonnent, dans les différentes recherches, entre -50 000 ans et -2 millions d’années. Un grand écart extraordinaire (Carmody et al., 2016) :
En réalité, un seul auteur défend la thèse d’une maîtrise du feu il y a 2 millions d’années : Richard Wrangham. Son argument principal concerne l’évolution de certains traits humains il y a 2 millions d’années, comme la diminution de la taille et de la force de la mâchoire. Selon lui, seule la cuisson des aliments peut avoir expliqué de telles évolutions : les aliments cuits ayant été plus faciles à mastiquer, notre mâchoire à diminué de taille et de force, pour résumer grossièrement. Pourtant, dans l’article de 2016 cité plus haut auquel il participe, on peut lire que cette diminution peut être expliquée aussi par le choix d’aliments crus moins difficiles à mastiquer, comme des graines, mais aussi de la moelle, ou des abats (Carmody et al., 2016) :
Cette étude suggère en revanche que le feu a bien joué un rôle dans notre évolution (et depuis plus de 50 000 ans), puisqu’Homo sapiens porte des modifications génétiques liées à la consommation d’aliments cuits. Mais cela peut tout à fait avoir été acquis il y a moins de 400 000 ans. L’étude suggère que cette adaptation date « d’au moins 275 000 ans », ce qui est tout proche des fameux 400 000 ans, même si, potentiellement, cette acquisition génétique peut être nettement plus ancienne, et semble en tout cas s’être produite avant l’apparition d’Homo sapiens (Carmody et al., 2016) :
En conséquence, il semble acquis que la cuisson des aliments a eu son importance dans l’évolution humaine, au point de modifier nos gènes il y a plusieurs centaines de milliers d’années, sans que l’on puisse savoir précisément quand elle a commencé à être pratiquée.
Par ailleurs, contrairement à ce qu’affirment Pascal Picq et Aymeric Caron, la cuisson n’aurait pas amélioré seulement l’assimilation des végétaux, mais aussi celle de la viande. L’étude précise même que la cuisson aurait « probablement facilité la consommation d’un régime riche en viande » (Carmody, 2016) :
Un autre argument renforçant l’hypothèse du rôle des produits animaux dans le développement du cerveau se trouve au néolithique. Alors que, nous l’avons vu, la consommation de produits animaux chute drastiquement durant cette période, la taille du cerveau humain chute elle aussi significativement. Il y a donc une corrélation plutôt remarquable entre consommation de produits animaux et taille du cerveau, tandis que la corrélation entre maîtrise du feu et taille du cerveau semble plus faible, sauf à ce que de nouvelles découvertes viennent la rendre visible.
On peut pourquoi pas penser que le feu joue un rôle du point de vue du cerveau à la fin du paléolithique et au néolithique, permettant la poursuite de l’accroissement du cerveau entre -400 000 ans et -10 000 ans, et limitant sa diminution au néolithique.
Conclusion
Les questions du rôle du feu et de la consommation de produits animaux dans l’évolution humaine, et en particulier l’évolution du cerveau sont donc encore aujourd’hui apprement débattues. Affirmer par conséquent, comme le fait Aymeric Caron, que la thèse de la viande comme cause de développement du cerveau est une légende urbaine, ou bien, comme le fait Pascal Picq, trancher pour la thèse du feu en excluant totalement celle de la consommation de produits animaux semble être un peu rapide, d’autant que les deux thèses ne s’excluent pas.
Energie, protéines et viande
Il est souvent évoqué le fait que les végétaux sont une source de protéines à peu près aussi valable que les animaux. C’est vrai pour l’essentiel, bien qu’il soit parfois suggéré que certains acides aminés semi-essentiels tels que la glycine ou la proline ne sont pas présents en quantités suffisantes dans les végétaux.
Il semble qu’il faille chercher d’éventuelles difficultés dans les régimes végétariens, ou a fortiori végétaliens dans l’accès à certains micro-nutriments ou acides gras. Le cas de la vitamine B12 est bien connu, et n’est généralement pas contesté, ni par la partie végéta*ienne, ni par ses opposants. Il est généralement suggéré par certains nutritionnistes un risque de carence en minéraux tels que fer, zinc ou calcium chez les végéta*iens. Plus récemment, l’accent a été porté sur les vitamines liposolubles (vitamines A, D et K2) et sur l’acide Docosahexaénoïque (DHA), de la famille des oméga 3.
De fait, l’évolution humaine semble une permanente recherche de graisses animales.
Le gras (animal), c’est la vie ?
Sources
The expensive-tissue hypothesis : the brain and the digestive system in human and primate evolution. Leslie Aiello, Peter Wheeler, 1995.
Cliquer pour accéder à Aiello95_expensivetissue_.pdf
Nutritional Characteristics of Wild Primate Foods: Do the Diets of Our Closest Living Relatives Have Lessons for Us?
Katharine Milton, 1999
http://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0899900799000787
An hypothesis to explain the role of meat-eating in human evolution.
Katharine Milton, 1999b.
Cliquer pour accéder à meateating.pdf
The Critical Role Played by Animal Source Foods in Human (Homo) Evolution
Rapid changes in the gut microbiome during human evolution.
Andrew H. Moellera & al., 2014.
http://www.pnas.org/lookup/doi/10.1073/pnas.1419136111
Des variations de longueur de l’intestin
Block, 1904
https://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1904_num_5_1_7864
Human adaptations to meat eating.
Henneberg, M., Sarafis, V., & Mathers, K., 1998.
https://sci-hub.tw/https://link.springer.com/article/10.1007/BF02436507
The Evolution of Stomach Acidity and Its Relevance to the Human Microbiome
DeAnna E. Beasley et al., 2015
https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.013411
L’alimentation protéique du Chimpanzé dans son environnement forestier naturel.
Claude Marcel Hladik, Gérard Viroben, 1974
Cliquer pour accéder à Alimentation_chimp.PDF
Le singe carnivore. La chasse chez les primates non humains.
Jacqueline Ducros, Albert Ducros, 1992.
http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1992_num_4_3_2320
https://kar.kent.ac.uk/27815/1/Newton-Fisher_2007_hunting_review.PDF
Insectivory by gorillas
Harcourt & Harcourt, 1984
https://www.karger.com/Article/PDF/156184
Cliquer pour accéder à 4172b35eb6b401d5973b05db1df821aa77c9.pdf
Vive la B12
Site internet pro-végan
https://www.vivelab12.fr/
Turtles and Tortoises of the World During the Rise and Global Spread of Humanity:
First Checklist and Review of Extinct Pleistocene and Holocene Chelonians
Rhodin & al., 2015
Cliquer pour accéder à crm_5_000e_fossil_checklist_v1_2015.pdf
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Level IV of Bolomor Cave has provided sufficient evidence to show proof of human consumption of tortoises in Later Middle Pleistocene. The use of tortoises for food appears to be quite common among the hominids that occupied the cave at Level IV. Although some exceptions do exist, these human groups follow specific patterns to process the tortoises. These patterns have been observed in the systematic use of fire to consume the nutrients from these animals. Thus, the consumption sequence of these small prey starts with them being cooked. Habitually, the tortoises are placed into the fire upside down and are roasted in its shell.
https://www.cell.com/current-biology/pdfExtended/S0960-9822(18)30703-6
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Finding Prometheus
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The Social Trackways Theory of the Evolution of Language
Carbon isotope ratios of human tooth enamel record the evidence of terrestrial resource consumption during the Jomon period, Japan
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Reconstruction of the Gravettian food-web at Předmostí I using multi-isotopic tracking (13C, 15N, 34S) of bone collagen
Bocherens et al., 2015
« Strong reliance on mammoth meat was found for the human of the site, similarly to previously analyzed individuals from other Gravettian sites in Moravia. »
How do you kill 86 mammoths? Taphonomic investigations of mammoth megasites
« The large number of individual mammoths and the scarcity of carnivore toothmarks and gnawing suggest a new ability to retain kill mammoths and control of carcasses. Age profiles of such mammoth-dominated sites with a large minimum number of individuals differ statistically at the p < 0.01 level from age profiles of Loxodonta africana populations that died of either attritional or catastrophic causes. However, age profiles from some mammoth sites exhibit a chain of linked resemblances with each other through time and space, suggesting the transmission of behavioral or technological innovation. I hypothesize that this innovation may have been facilitated by an early attempted domestication of dogs, as indicated by a group of genetically and morphologically distinct large canids which first appear in archaeological sites at about 32 ka B.P. »
Recent elephant-carcass utilization as a basis for interpreting mammoth exploitation
Haynes, 2015
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1040618213009749
Mots-clés de recherche : plio-pleistocene marrow ; hunting versus scavenging debate ;