1000 idées pour la Corse

1000 idées pour la Corse et pour le monde

Idée n°47 : loger les humains

with 3 comments

Ces dernières années, on a beaucoup construit du côté d’Ile-Rousse. Plutôt du logement collectif, des immeuble disons pas trop moches, pas trop beaux non plus, bon, qui ont fleuri sur la montée du Fogata, et sur la route de Bastia. Dans mon immense naïveté, je me disais que c’était une bonne chose : on massacrait bien quelques bouts de collines, mais c’était pour la bonne cause : il allait devenir plus facile de se loger en Balagne.

Tu parles. Plus de 80% de ces nouvelles constructions sont destinées à devenir des résidences secondaires. Tout ça va rester vide onze mois par an, ou être loué à prix d’or de juin à septembre, pendant que les résidents permanents continueront à galérer pour se loger, avec pour seule alternative des locations hors de prix ou un endettement pour des décennies : le prix moyen du mètre carré à Ile-Rousse est supérieur à celui des meilleurs quartiers de villes comme Lyon ou Marseille !

Dépressifs l’hiver, hyperactifs l’été, entassés sur le littoral quand l’intérieur se vide, nous sommes atteints de trouble bipolaire (ou peut-être devrait-on dire pipolaire ?), et nous travaillons à accentuer encore notre pathologie. Toujours plus pour les touristes, toujours moins pour ceux qui tentent de réaliser des choses ici.

Pourtant, les milliers de nouveaux arrivants chaque année sur l’île mériteraient qu’on s’intéresse un peu à eux. Parmi eux, une grosse fraction de retraités a a priori déjà résolu la question du logement : ils reviennent souvent dans leur maison de famille, ce qui devrait être plutôt bénéfique aux villages de l’intérieur, ou dans un logement qu’ils possèdent de longue date dans une ville plus importante. Plutôt positif, en somme, puisque des espaces vides se repeuplent, et que ces retraités seront la source d’une économie de services plus régulière que l’économie touristique.

Reste la fraction d’actifs, qui elle, a le plus souvent besoin de trouver où s’installer, et se retrouve en concurrence avec les touristes ou de riches acquéreurs de résidences secondaires. C’est pourtant bien cette fraction de la population qui est susceptible de faire avancer la Corse.

S’il y a un chantier dans lequel la collectivité territoriale pourrait s’engager avec profit, c’est bien celui-ci. Je ne connais pas précisément les leviers sur lesquels elle pourrait légalement jouer pour y parvenir, mais n’y a-t-il vraiment aucun moyen d’imposer aux investisseurs que chaque construction nouvelle comprenne une part suffisante de logements à l’année ? N’est-il pas possible d’inciter et d’aider les petites communes à construire des logements collectifs de qualité ou à acquérir des logements pour les résidents ? De taxer de manière appropriée les logements destinés à la location saisonnière et les résidences secondaires ? Le produit de ces taxes servant justement à aider les investissements communaux ?

Je ne sais pas s’il existe des solutions au problème du logement, mais je sais en tout cas que le logement est un problème capable à lui seul de réduire à néant tous les autres efforts de développement. Quand un jeune ménage paye chaque mois plusieurs centaines d’euros de plus que de raison pour se loger, c’est autant qu’il n’investira pas dans un projet ou qu’il ne dépensera pas pour soutenir l’économie locale. S’il y a un secteur dans lequel il serait judicieux d’investir massivement, c’est bien celui du logement des résidents permanents.

Retrouvez tous les articles de 1000 idées pour la Corse.

Sauf mention contraire, le contenu de cette page est sous contrat Creative Commons

Written by fabien

27 mars 2010 à 10:56

3 Réponses

Subscribe to comments with RSS.

  1. Très judicieux ! Je dirais même fondamental ! C’est le même problème en Normandie entre les locaux et les anglais qui achètent des résidences secondaires… (et à Nice avec les italiens, vu le niveau du marché immobilier en Italie) ce qui crée des tensions xénophobes, et quand le débat descend à ce niveau, ce n’est jamais bon…

    Louisa

    27 mars 2010 at 11:23

  2. C’est une conviction de plus en plus solide chez moi : si on n’assure pas à une population un logement convenable à un coût acceptable, on ruine une société.
    On ne peut rien accomplir dans la précarité, ou quand la charge financière du logement est trop importante.
    Je crains qu’on ne paye très cher dans les décennies qui viennent la bulle immobilière actuelle et les difficultés de logement des jeunes générations.

    fabien

    1 avril 2010 at 15:24

  3. […] in L'ouèzd o dagué drijde, bertzeen hitzak 1000 idées pour la Corse blogatik hartutako artikulu hau itzuli dut (horren 19. ideia jarraituz). Korsikaren iparreko egoitza arazoak aipatzen ditu, eta […]


Laisser un commentaire