1000 idées pour la Corse

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Idée n°49 : agir localement pour le climat

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Ceux qui ont l’habitude de m’entendre déblatérer depuis longtemps le savent : le discours actuel sur le changement climatique m’attriste profondément. Non pas que je sois « climato-sceptique » : je fais confiance aux scientifiques qui bossent sur la question, pour la simple et bonne raison que malgré 30 années de pratique de la climatologie en amateur, je n’ai pas le niveau suffisant pour trancher moi-même la question.

La terre se réchauffe ; c’est la faute de l’homme ;  c’est grave…  seront donc les postulats de base de cette petite réflexion.

La terre se réchauffe, le climat change, oui, mais ça ne m’intéresse pas, pour quelques raisons :

1. A l’heure actuelle, l’essentiel des dégâts causés par l’humanité sur notre petite planète ne sont pas liés au réchauffement global, quoi qu’en dise Al Gore.

Les glaciers du Kilimandjaro fondent, c’est un fait. L’homme en est responsable. Mais par une action locale. Si les glaciers du Kilimandjaro ont fondu, c’est parce qu’on a fortement déboisé la région, ce qui a causé localement une baisse des précipitations : moins de neige signifiant moins d’alimentation des glaciers. L’homme a bien agi sur le climat du Kilimandjaro, mais localement.

Le lac Tchad disparaît, autre réalité. Mais rien à voir avec le réchauffement global. D’ailleurs, après une décennie 70 catastrophique pour le Sahel, les précipitation sont plutôt en hausse dans la région. Ce qui assèche le lac, ce sont les quantités toujours plus importantes d’eau prélevée dans les fleuves qui l’alimentent pour assurer l’irrigation de l’agriculture locale. C’est bien l’homme qui est responsable, mais par son action locale.

A l’heure actuelle, les changements climatiques qui ont un effet notable sont locaux.

Pour revenir en Corse, je peux vous garantir que les changements climatiques localisés induit par les conséquences des incendies est (pour l’instant) incomparablement plus grand que l’impact des changements globaux. On a peut-être un degré de réchauffement global, peut-être un peu moins de pluie (et encore, ce n’est pas flagrant de ce côté-là selon les données de Météo-France) : un changement minime pour l’instant.

Mais là où un incendie a détruit une forêt, pour des années, voire des décennies, ce sont plusieurs degrés supplémentaires en journée, plusieurs degrés de moins la nuit, un ruissellement et une évaporation considérablement augmentés, une infiltration de l’eau réduite, un rayonnement solaire direct là où on avait de l’ombre, etc… Soit un changement radical de climat.

C’est valable sur toute la planète : les véritables changements climatiques induits par l’homme pour l’instant sont locaux.

2. En supposant que le climat se réchauffe, la plupart des actions environnementales que nous pouvons mener pour y résister sont locales.

D’ailleurs, on ne sait pas exactement, pour chaque lieu du globe, à quoi ressemblera le changement de climat. Plus chaud, c’est probable, mais certaines zones se réchaufferont plus que d’autres. Plus sec, ce n’est pas évident, on devrait même avoir une augmentation globale des précipitations.

Ce qu’on sait en revanche, c’est qu’un écosystème a d’autant plus de chances de résister à une agression qu’il abrite de biodiversité et qu’il n’a pas été fragilisé préalablement. Un changement climatique qui suivrait une période d’incendies à répétition serait par exemple beaucoup plus dévastateur pour une zone donnée. On a déjà pu observer que des plantations d’arbres en monoculture résistaient moins bien à un changement de climat que des forêts naturelles, etc.

Nous avons donc tout intérêt à mener des actions locales de protection et de renforcement de nos écosystèmes, bien entendu, mais aussi de nos systèmes socio-économiques (l’humain ne sera pas forcément la dernière victime de nos conneries). Des actions conçues pour être efficaces en cas de changement climatiques, mais qui soient utiles aussi si jamais il ne se produisait pas de changement, ou pas les changements attendus.

3. La plupart des actions que nous pouvons mener pour participer à la réduction des gaz à effets de serre dans l’atmosphère sont locales.

Si nous voulons, en plus de cela, apporter notre contribution au stockage planétaire de CO2, nous ne pouvons le faire qu’en protégeant nos sols, nos forêts, en modifiant notre agriculture : actions locales.

Si nous voulons réduire nos émissions de gaz à effet de serre, il s’agira de repenser notre urbanisme, nos transports, l’isolation de nos logements, notre manière de consommer : actions locales.

4. Si nous ne trouvons pas de solutions locales, même une solution globale ne nous sauverait probablement pas…

Parce que même si le réchauffement climatique ne se produit pas, ou n’est pas aussi dévastateur qu’imaginé, ou s’il était trouvé une solution technique pour le stopper, il ne manque pas de menaces environnementales et sociales bien réelles. Menaces qui ont une fâcheuse tendance aujourd’hui à passer au second plan devant la grande menace du réchauffement.

Si nous nous préoccupons de climat, il est urgent de nous occuper de nous : c’est en travaillant ici que nous apporterons notre pierre à la lutte contre d’éventuelles catastrophes climatiques ou environnementales. Sauvons nos arbres, ne laissons pas s’effondrer les murs de soutènement qui protègent nos pentes, protégeons nos sources, améliorons nos pratiques agricoles, réintégrons l’écologie dans ce que nous appelons la culture, inventons un système économique plus juste et plus économe… et nous aurons fait notre part.

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Written by fabien

7 avril 2010 à 16:28

6 Réponses

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  1. merci !

    c’est important de ne pas culpabiliser les terriens en leur disant qu’ils sont responsables du changement climatique.
    Car ça les empêche de réagir dans le bon sens.
    Plus on dit aux terriens que le problème est mondial et plus ils chercheront à trouver une solution mondiale, alors qu’en fait, il faut trouver les solutions chez soi, à son échelle, et surtout pas essayer de s’occuper des autres avant de s’être occuper de soi.

    moilamain

    8 avril 2010 at 09:12

    • Les solutions mondiales proposées, elles sont connues : – Développement massif des agrocarburants, notamment OGM.
      – Développement massif du nucléaire civil.
      – L’espoir du « saut technologique » qui nous donnera une nouvelle source miraculeuse d’énergie.

      Le tout géré par quelques gigantesque entreprises, protégées bien entendu par des brevets, qui décideront qui a droit à l’énergie et à quel prix (sous prétexte d’environnement, bien entendu).

      fabien

      8 avril 2010 at 13:08

  2. Absolument d’accord !!

    C@thy

    8 avril 2010 at 12:39

  3. Ah ben tiens pareil, ça m’intéresse pas du tout, limite je changerais de chaîne si j’avais une télé.

    Je suis peut être naïf, mais je me dis qu’il n’y a pas besoin du dérèglement climatique pour que les gens apprécient les arbres et les forêts, et se sentent investis une fois qu’ils en ont plantés. Je verrai bien. En tout cas je préfère voir les choses sous l’angle des solutions et pas des problèmes, déformation permaculturelle.

    Nicollas

    15 avril 2010 at 17:50

  4. […] L’agroécologie participe à limiter les changements climatiques, mais elle participe aussi à les supporter : plus un écosystème est complexe, plus l’arbre y est présent, plus le sol est de bonne qualité, et moins il souffre des variations climatiques, qu’elles soient ponctuelles ou plus générales (voir ici pour en savoir plus). […]


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