Idée n°106 : exiger la transparence

(page d’information sur les projets de golf en Corse, régulièrement mise à jour)

La réunion de dimanche à Calinzana sur les projets de golfs a été des plus instructives. Outre qu’elle m’a appris personnellement que ce blog a désormais pas mal d’impact, et que je dois donc être d’autant plus prudent sur ce que je raconte et sur le ton que j’emploie, elle a été particulièrement édifiante sur la manière dont certains personnages publics conçoivent leurs devoirs vis-à-vis des citoyens, bien entendu, mais aussi de leurs propres homologues.

Nous avons eu en effet la confirmation que les élus de Balagne n’avaient ce jour encore reçu aucune information précise sur les projets de golfs de l’ATC sur le territoire. Ni le président du syndicat mixte, ni le maire de Calinzana, commune sur laquelle est envisagé un golf de manière semble-t-il déjà très précise n’avaient encore reçu dimanche le fameux rapport Simeoni. Et du coup, je réitère mes excuses auprès de monsieur Guidoni, maire de Calinzana, que j’avais épinglé précédemment pour son interview à Télé Paese, et dont je comprends désormais qu’il était simplement laissé dans l’ignorance de ce qu’on envisageait précisément pour sa propre commune.

Pire, les projets de l’ATC sont en contradiction avec le PLU de la commune, qui prévoit que le lieu où l’ATC envisage le golf reste à destination agricole. Donc, quand un maire de Corse se lance dans l’établissement d’un PLU pour sa commune, il est d’abord soumis à des pressions terribles (la mairie de Calinzana et l’un de ses élus ont subi 3 attentats dans la phase d’élaboration du PLU), mais ensuite, quand ce PLU est officialisé, il n’est même pas pris en compte par les instances situées un peu au-dessus dans la hiérarchie des institutions.

Un peu plus loin dans la discussion, un élu affirme qu’on peut être tranquilles avec le projet de golf à Nesce, il est officiellement abandonné. Je demande alors s’il existe un document écrit confirmant la décision d’abandonner ce projet. Il semble qu’un tel document n’existe pas. Comment alors peut-on être certains de cette décision ?

Un autre exemple m’a été donné par une discussion avec Monsieur Jean-Baptiste Ceccaldi, président de l’office du tourisme de Calvi, et propriétaire de l’hôtel La Signoria, qui était présent à cette réunion (mais qui ne s’est pas présenté, sur le coup). Apprenant de sa bouche qu’une étude sur les golfs avait déjà été commandée par l’office du tourisme en 2010, j’ai dû admettre que j’avais loupé cette information. Il m’a alors pris de haut en me disant que j’étais vraiment mauvais, que cette étude était présente dans toutes les mairies de Balagne, et qu’elle avait fait l’objet d’une parution dans la presse. Bien. Sauf que j’avais déjà demandé, ces deux dernières années, à des élus de Balagne, avec lesquels je travaille souvent au sein du Pays, s’il existait quelque document officiel sur les projets de golf, et ils semblaient ne pas avoir eu vent de cette étude.

Ayant eu en ma possession les plans des golfs que je donne désormais en lien, je savais qu’une telle étude existait, mais je pensais qu’il s’agissait d’un business plan privé dont des éléments avaient fuité, ce que semblait confirmer l’ignorance des élus que je fréquente et la difficulté d’obtenir d’autres éléments, et qui avait justifié que je ne laisse pas ces plans en libre accès durant deux ans, ne voulant pas rendre publics des documents privés.

Après avoir retrouvé la trace de l’appel d’offre lié à cette étude, ce qui devenait facile en ayant le nom du commanditaire, j’ai pu adresser des demandes précises, par mail. L’une à la mairie de Corbara et l’autre directement à l’office du tourisme. Ce dernier ne m’a toujours pas répondu. Quant à la mairie de Corbara, la réponse est claire : « Non à ma connaissance et officiellement la Mairie de Corbara n’a jamais été destinataire d’une telle étude ». Bref, transparence, on vous dit, et vous êtes un mauvais citoyen si vous n’avez pas trouvé dans votre mairie cette étude publique qui lui a été (presque) adressée.

Le dernier exemple du week-end nous vient du sud de la Corse et des projets d’aménagement de la Testa Ventilegna. Même cause, mêmes effets. Après tout, peut-être les projets de la commune de Figari sur le secteurs sont-ils raisonnables, voire exemplaires. Mais en l’absence de documents précis, on est bien obligés de s’en tenir à une position de suspicion.

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Mettre « à disposition » du public des documents cachés, sous forme papier, dans les tiroirs des mairies, dont même les élus et les employés oublieront l’existence, tant ils reçoivent de tels documents, ou pire, qui ne sont jamais arrivés, ce n’est pas de la transparence. La transparence, au temps d’internet, serait que tous ces documents soient en libre accès et téléchargeables sur le site des institutions qui les ont émis. L’étude de l’office du tourisme de Calvi devrait être disponible sur leur site, dans une rubrique facilement accessible, et apparaître facilement lors d’une recherche lancée avec les mots-clés adaptés. Le rapport Simeoni aurait dû être disponible dès réception sur les sites de l’ATC et de la CTC. Sans avoir besoin de faire une demande dont on attend la réponse durant des jours, voire des semaines.

Toute autre attitude aujourd’hui ne me semble pas aller dans le sens de la transparence, et ne devrait pas être acceptée par les citoyens. Nous n’avons pas vocation à nous transformer en détectives chaque fois que nous voulons une information.

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