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Idée n°138 : permacultiver (rationnellement)

with one comment

La Permaculture, tout le monde en parle, des tas de gens croient la pratiquer, mais quand on regarde de près les systèmes qui s’en réclament, et qu’on les compare à ce qu’on en apprend de Bill Mollison, de David Holmgren, ou d’un Cours de Design en Permaculture, on s’aperçoit que ses principes sont rarement appliqués, même partiellement.

Ce que contiennent les principes de Permaculture tient en quelques points :
– Des principes de méthodologie de projet.
– Des principes d’organisation de systèmes (un système, c’est un ensemble d’éléments en relation les uns avec les autres), largement inspirés des modèles naturels, et de leur gestion des ressources.
– Les systèmes abordés historiquement par la Permaculture étant des écosystèmes productifs de type agricoles, on trouve des notions de gestion de l’espace, de l’eau, de l’énergie, des principes d’agronomie, des principes d’écologie, d’écosystémique, d’écoconstruction…
– Des questions d’éthique.

Il ne suffit clairement pas d’appliquer quelques principes de jardin ou d’agriculture naturels pour pouvoir dire qu’on fait de la Permaculture. Faire de la Permaculture, c’est appliquer à un objectif (un jardin écologique est un objectif parmi d’autres) des méthodes, des savoirs, des savoir-faire d’élaboration d’écosystèmes productifs. A mon avis, on ne devrait pas dire « un jardin en Permaculture » ou « une exploitation agricole en Permaculture » mais plutôt un jardin mettant en œuvre des principes de Permaculture ou un système agroécologique élaboré en s’appuyant sur des méthodes de Permaculture. Du moins tant que personne n’aura monté un système s’appuyant de de A à Z sur de tels principes et méthodes. Pour l’instant, la Permaculture est une boite à outils de laquelle chacun tire quelques outils.

Parmi les outils qu’on trouve dans cette boite, il est possible que vous tombiez un jour sur la méthode OBREDIM (c’est même certain si vous suivez un « cours de design en permaculture », le fameux PDC en 72h). Elle n’est pas en elle-même une méthode écologique, c’est une méthode classique d’ingénierie ou de montage de projet. C’est le contenu que vous mettrez à chaque étape de cette méthode et son application à des écosystèmes productifs qui en fait quelque chose d’écologique ou de permacultural. Il en existe des variantes, et celle que je vais vous présenter ici est celle qui me semble la plus complète.

Selon que votre projet est un petit projet personnel (faire un jardin aussi fantastique que possible sur quelques dizaines de mètres carrée), un projet professionnel, ou un projet collectif, vous pouvez et devriez pousser plus ou moins loin cette méthode. Dans tous les cas, je vous recommande au moins de jouer un peu avec.


Le principe de la méthode est que chaque lettre est l’initiale d’une étape : O pour observation, B pour borders (limites), R pour ressources, etc. Je rajoute une étape préliminaire, quant à moi, qui me semble essentielle, vous comprendrez pourquoi un peu plus loin. Et à chaque étape, j’associe une question, qui est la question que vous devez vous poser à ce moment-là :

V : Vision
« Qu’est-ce que je veux faire, qu’est-ce que j’aimerais faire ? »

Est-ce que je veux faire un jardin écologique, est-ce que je veux lancer une dynamique dans mon quartier, est-ce que je veux une exploitation agricole modèle, est-ce que je veux créer une association, etc.

C’est le moment de vous lâcher : pas de limite à cette étape, ça viendra après. Un jardin parfait, avec plein de biodiversité, pratiquement pas de travail, des fruits et légumes toute l’année… Un éco-quartier fantastique, avec un composteur collectif, des jardins publics avec des arbres fruitiers et des coins potager… Une ferme modèle sans pesticides et des employés aux 35h… Une association ultra-démocratique servant l’intérêt général et permettant aux copains de se salarier et de bosser sans patron… Vas-y, fais-toi plaisir, c’est ma tournée. Et je t’attends à l’étape 3.

O : Observation
« De quoi je pars, où je mets les pieds ? »

L’observation est la base de la Permaculture. Ici, votre mission est de tirer un maximum de renseignements de l’objet sur lequel vous voulez travailler. Si c’est un jardin, sachez son exposition, sa température en hiver et en été, l’état du sol, la climatologie locale, etc. Pour un projet de quartier, recensez les espaces verts, les initiatives et associations déjà existantes, trouvez les voisins susceptibles de s’engager, sachez qui est en charge des espaces verts, des déchets, connaissez l’histoire du lieu… Pour une exploitation agricole, même problème que le jardin, mais en plus sérieux, et ajoutez des trucs du genre : qui est susceptible d’acheter ma production, à quel prix, quelle est la concurrence, est-ce que je peux trouver de la main-d’œuvre formée et sérieuse, etc. Pour une association, qui veut s’impliquer, qui aide les associations, quels sont les besoins non couverts, etc.

B : Borders (limites)
Quelles sont les limites, les contraintes, les blocages potentiels de mon projet ?

C’est l’étape la plus dangereuse. Parce que si vous ne la prenez pas au sérieux, c’est le réel qui s’occupera de vous. Lors de cette étape, posez-vous vraiment la question de tout ce qui peut limiter votre projet, de tout ce qui peut foirer.

Un jardin ? Quelle est la température l’hiver, sur quelle quantité d’eau puis-je compter l’été, quelles sont mes compétences de jardinier, quelle surface suis-je capable de gérer, est-ce que je suis seul à m’en occuper, quelle énergie suis-je prêt à y mettre sur le long terme, est-ce qu’il y a un risque de vol, de vandalisme, etc..

Pour un quartier, est-ce que le maire est d’accord, est-ce que j’ai des voisins qui se plaindront du composteur, à tort ou à raison, est-ce que le responsable des espaces verts est borné, et s’il ne l’est pas, quelles seront ses limites d’acceptation (un composteur dans le square, un carré potager, des arbres fruitiers… dans tous les cas il est certain qu’on ne vous donnera pas carte blanche, vous serez limité), est-ce que je veux rester à long terme dans mon quartier actuel (une des raison pour lesquelles je ne lance rien aujourd’hui dans mon quartier est que la réponse à cette dernière question est « non », me concernant), etc…

Pour une exploitation agricole, en plus des questions à se poser pour un jardin, est-ce que j’ai conscience de ce qu’implique le métier d’agriculteur, est-ce que j’ai une expérience en la matière, une formation de type BPREA, est-ce que je possède un terrain ou le capital pour l’acquérir, est-ce que je suis solide physiquement et mentalement, est-ce que j’ai déjà expérimenté les méthodes spécifiques que j’associe à l’idée de Permaculture, est-ce que je les connais autrement que par des livres ou Internet, est-ce que je suis prêt à tous les sacrifices d’une création d’entreprise, etc…Un non à l’une ou l’autre de ces questions devrait vous inquiéter sérieusement.

Pour une association, les gens avec qui je veux la monter me sont-ils connus ou inconnus, est-ce que je connais bien les limites de l’engagement bénévole, quelles sont mes limites de compétences en gestion d’association, y a-t-il des désaccords sur les objectifs, les méthodes, est-il difficile de réunir les gens (distance, pas de voiture, pas de transports en commun, pas de lieu…), etc…

Cette étape est fondamentale, et oubliez les idioties du genre « si on veut, on peut », « il faut être positif », « vous pouvez vous nourrir sans travailler », ou encore « le résultat n’est limité que par l’imagination », devise de permaculture qui ne vaut que si elle est complétée par « à condition d’avoir une putain de méthode, des putain de compétences et une expérience que vous n’avez probablement pas à ce stade ». C’est justement parce que vous êtes optimiste que vous ne l’êtes pas bêtement.

R : Ressources
Sur quoi puis-je m’appuyer vraiment pour mon action ?

Dans tous les cas : quelles ressources humaines. Individuel ou collectif, un projet s’appuiera toujours, pour le meilleur ou le pire, et encore pour quelques temps, sur des humains et leurs compétences. Sachant que ces ressources sont évolutives : on peut former, on peut recruter, on gagne en expérience, en savoir-faire… ; quelles ressources financières, etc.

Pour un jardin, quelle chaleur, quel ensoleillement, quel accès à l’eau, quelle expérience de jardinier, quels voisins jardiniers qui ne font rien qui ressemble à de l’agroécologie, n’ont jamais entendu le mot permaculture (ou sortent leur pistolet quand ils l’entendent) mais qui ont 50 ans d’expérience, des outils à vous prêter, des graines ou des plants à donner ou échanger. Quels déchets organiques produits chez moi et que je peux composter (et là, tout de suite, limite : quelle surface amendable sérieusement avec cette quantité de compost), quels éleveurs pas trop loin avec du foin qui a pris l’eau ou du fumier, quel cafetier avec du marc de café, quels voisins susceptibles de vous donner leurs déchets, etc…

Pour un projet de quartier, quels voisins motivés, quels relais à la mairie qui ne rigolent pas quand vous leur exposez votre projet, quelles associations locales, quels espaces utilisables, quel lieu pour mettre un compost, quelles personnes capables de se former à la gestion d’un compost qui ne pue pas, et de se relayer pour s’en occuper toute l’année, qui peut se former et former, quel temps pour agir, quelle énergie personnelle pour convaincre et animer, etc…

Pour une exploitation agricole, surtout, outre les aspects évidents (sol, climat, compétences, finances, etc.), quelles activités complémentaires. Si vous voulez sortir de la monoculture mécanisée à grande échelle, très bien, mais dites-vous que si c’est celle-ci qui est dominante aujourd’hui, c’est pour de bonnes raisons. Si vous voulez sortir de ce modèle, il va falloir être inventif et rigoureux. Les quelques modèles se réclamant de la Permaculture qui semblent fonctionner aujourd’hui, Bec Helloin, Sepp Holzer, ont des revenus conséquent en plus de la production agricole : formation, accueil touristique, accueil de formations, séminaires… Le Bec Helloin tente de prouver que son micro-système de maraîchage est viable (s’il l’est, c’est tout juste), mais le système complet constitué par la ferme du Bec Helloin, incluant une production agricole et notamment beaucoup d’accueil de formations est à mon avis beaucoup plus rentable.

Pour une association, quels bénévoles motivés, quel bureau des associations à la mairie ou à l’université, quelles aides financières, aides à la création d’emplois, quels outils numériques, quelles associations susceptibles d’être partenaires, etc…


Ces trois étapes : Observation, Borders, Ressources gagnent à être réalisées ensemble, limites et ressources étant deux cas particuliers de l’observation.


E : Evaluation
Maintenant que j’ai bien déliré au départ, mais que je suis revenu à la réalité par une observation rigoureuse des ressources et des limites de mon idée, qu’est-ce que je peux faire, en vrai ?

C’est le deuxième moment crucial. Celui où l’on va décider, à partir de l’idée de départ, de ce qui est réellement réalisable. Et il vaut mieux viser trop petit que trop grand. Si le trop petit ne permet pas d’atteindre l’objectif de départ (par exemple, en vivre), alors il faut abandonner l’idée et en étudier une autre. Il y a déjà bien des raisons d’échouer à partir d’un projet bien conçu, ce n’est pas la peine de démarrer avec un projet bancal. A l’inverse, il est probable que des idées réalistes que vous n’aviez pas au départ commencent à germer à mesure que vous apprendrez et systématiserez votre démarche.

Des objectifs réalistes pour un jardin ? Apprendre plein de choses passionnantes et exercer votre créativité. Passer du bon temps les mains dans la terre. Créer un lieu beau et agréable. Donner son surplus de tomates aux amis. Installer un petit havre de biodiversité. Améliorer progressivement la fertilité. Produire un peu, voire pas mal de nourriture de très haute qualité. Éviter que vos déchets organiques et ceux de vos voisins finissent à l’enfouissement ou dans un incinérateur. Vous assurer un complément de revenu, pourquoi pas, si vous le faites sérieusement… Des objectifs pas réalistes ? Vous rendre complètement autonome alimentairement. Aucun jardin, nulle part, n’a jamais rendu personne autonome.

Des objectifs réalistes pour un quartier ? Composter une bonne part de la matière organique qu’on y jette. Produire un peu dans les divers espaces. Sensibiliser les habitants à un certain nombre de problématiques. Créer un peu de sens et de convivialité. Former à l’économie circulaire. Pousser la mairie à planter des fruitiers. Des objectifs pas réalistes ? Rendre le quartier autonome alimentairement. Aucun quartier, nulle part, à aucune époque depuis qu’il existe des villes, n’a jamais été autonome de ce point de vue. Ni du point de vue énergétique.

Des objectifs réalistes pour une exploitation agricole ? En vivre. Recycler 100% de la matière organique sur place, vendre en direct, éduquer, former, accueillir des touristes, exploiter des wwoofers, réduire la taille et le coût des outils mécaniques, augmenter la biodiversité et améliorer les sols… Des objectifs pas réalistes ? Faire une micro-ferme rentable après 5 jours de formation (5 ans seraient plus réalistes, organisez plutôt les formations, il y a des gens qui payent pour ça). Avoir une rentabilité sans intrants, sans produits phytosanitaires, sans mécanisation… Être totalement autonome sur l’exploitation (fantasme contemporain, on s’échangeait déjà des ressources sur des milliers de km au paléolithique, quasiment personne n’a jamais été complètement autonome dans l’histoire de l’humanité).

Des objectifs réalistes pour une association ? Outre ce qui est contenu dans l’objet de l’association, qu’on espère utile : exister encore 10 ans plus tard. (une association active 10 ans a sûrement été pas trop mal pensée). Salarier deux ou trois personnes et leur donner une compétence. Maintenir un nombre suffisant de bénévoles motivés. Rester fidèle à son objectif, et ne pas devenir une association lucrative sans but. Des objectifs pas réalistes ? Des associés qui ne clashent jamais. Des bénévoles qui restent éternellement.

C’est le moment d’évaluer chaque élément du futur écosystème, ses besoins, sa production, ses déchets, ou bien ses compétences, ses exigences, sa disponibilité (en fonction du type d’écosystème dont on parle), et de tenter de mettre en lien les différents éléments en fonction de ces aspects. Je ne développe pas ce point, qui nécessite un cours à lui tout seul (sur le Permaculture Design Course, ça doit représenter une journée entière de formation, et on ne fait qu’effleurer la question).

Pour cette étape, inclure des méthodes classiques d’évaluation de projet de type SWOT est tout à fait possible.

Voilà pourquoi la première étape, Vision, est importante. C’est l’étape qui vous permet d’aller très loin dans votre délire, mais qui surtout, vous permet de remettre ensuite les pieds sur terre. Sans cette étape, vous vous priveriez à la fois de possibilités mais aussi de rigueur : si vous savez comprendre qu’une idée était mauvaise, y renoncer et savoir pourquoi vous y renoncez, vous êtes beaucoup plus fort que si vous n’aviez simplement pas eu cette idée.

D : Design
Maintenant que j’ai évalué ce que je peux faire réalistement, comment le traduire en un projet complet et compréhensible ?

Cette étape doit permettre tout à la fois de poser une feuille de route d’action, de visualiser le projet dans son ensemble et de le rendre crédible aux yeux d’éventuels partenaires. Elle va donc consister en une description détaillée du projet, incluant tous les visuels nécessaires à sa compréhension, tous les plans nécessaires à sa réalisation, etc.

Attention ! Cette partie-là n’est pas juste de jolis dessins. C’est aussi toute une explication sur la manière dont le système va fonctionner, incluant les résultats des étapes précédentes. Encore une fois, si c’est votre coin de jardin que vous êtes en train de concevoir, vous planter dans le design n’est pas trop grave. Si vous avez la folle ambition de vivre de votre projet, il vaut mieux prendre ça au sérieux. La meilleure manière de le réaliser est de l’élaborer comme si vous deviez en obtenir des financements. Et si c’est un projet pro, vous allez probablement effectivement avoir à en demander, à un organisme institutionnel ou à une banque. Un design en Permaculture, à ce niveau, a beaucoup à voir avec un business plan. Pour un projet moins sérieux, rédigez-le au  moins comme si vous deviez le faire comprendre à un proche.

A ce stade et au suivant, surtout pour les projets collectifs, vous pouvez inclure des méthodes de type QQOQCCP (qui, quoi, où, quand, comment, combien, pourquoi). Encore une fois, à vous de voir jusqu’où il est pertinent de pousser les processus. De même que le projet ne doit pas être trop ambitieux, la méthode ne doit pas l’être trop non plus, il faut que les participants au projet puissent la comprendre et se l’approprier.

Rendez votre Design aussi simple ou aussi compliqué que vous le souhaitez, mais les chances de réussite d’un projet ambitieux dépendront sûrement beaucoup de son sérieux.

I : Implémentation (mise en œuvre)
Comment sera mis en œuvre le projet ?

Cette étape est à la fois la première étape d’action à proprement parler et l’une des étapes à développer dans la phase « Design ». De même pour toutes les étapes suivantes, qui seront mises en œuvre dans leur temporalités respectives, mais qui doivent être déjà abordées avant de démarrer, au moins succinctement. C’est le moment de mettre en action les ressources identifiées par la méthode QQOQCCP, par exemple.

M : Maintenance
Comment je me débrouille pour que mon système dure dans le temps ?

Je suis sûr que vous en avez vu beaucoup, de ces beaux projets qui ont été inaugurés en grande pompe et qui ont disparu en quelques mois ou années. Quel que soit le système mis en place, il faut penser à l’usure (dans tous les sens du terme), voire à la simple survie, de ses éléments. Encore une fois, pour un petit jardin, c’est le genre de choses qu’on règle au fil de l’eau, mais pour un projet plus sérieux… En associatif, c’est l’usure et le renouvellement des bénévoles qu’il faut prendre en compte. Sur un projet pro, c’est le renouvellement de pièces majeures du système qui peut se révéler coûteux. En arboriculture, il ne suffit pas de planter des arbres, ils vont avoir besoin de soins, d’arrosage, de taille, un mur de pierres sèches n’est pas éternel, etc.

C’est l’un des risques majeurs d’un projet surévalué : que les coûts de maintenance (argent, temps, etc.) soient insupportables. D’autant que l’usure du temps touche aussi les humains. Dans un élan d’enthousiasme, vous avez monté un gros projet, et puis quelques années plus tard, vous n’arrivez plus à le maintenir en place.


Tout ça nous donne l’acronyme Vobredim, facile à retenir, et si vous suivez cette feuille de route, même imparfaitement, vous mettrez sans doute en place quelque chose de plus complexe et solide que nous n’auriez pensé en être capable. Et si vous voulez pousser un peu plus loin la méthode, et la penser pour longtemps, vous pouvez rajouter quelques étapes facultatives :


E : Évaluation secondaire
Qu’est-ce qui va bien et qu’est-ce qui ne va pas bien dans mon système ?

Une fois le système installé, sa maintenance pensée, il peut être utile de continuer à l’observer et à l’évaluer. En fonction du temps, même si votre système de départ est bon, il se peut que des choses soient à moduler. L’environnement peut avoir changé, vous pouvez avoir progressé, ou à l’inverse vous pouvez vous être fatigué, de nouvelles compétences se sont greffées au projet, ou au contraire l’ont quitté, vos arbres ont grandi et sont devenus productifs, mais font de l’ombre aux autres cultures et nécessitent plus de soins, etc.

Mais plus probablement, vous réaliserez à l’usage que certains aspects du système n’ont pas été correctement pensés, évalués, malgré tout le soin que vous aurez mis à votre design.

T : Tweak (ajustements)
Qu’est-ce que je peux améliorer ?

En fonction de cette réévaluation, il sera possible de procéder à des réaménagements. Réparer les erreurs du départ, si elles ne sont pas trop grosses, avoir plus d’ambition, ajouter de la complexité ou agrandir le système si vous avez progressé, simplifier les choses si vous avez vu trop grand (à éviter absolument si vous jouez gros avec votre projet, on l’a dit), si vos forces ou votre motivation déclinent, ou tout simplement si la maturité de votre système permet de produire autant en réduisant le travail (dans l’exemple d’un système agricole pensé selon les méthodes de la permaculture, le système sera probablement pleinement productif après 20 ou 30 ans (et l’art du permaculteur sera de faire en sorte que les 20 premières années soient viables aussi, si l’objectif est d’en vivre)).

Cette démarche de réévaluation et de réajustements, répétée, est une démarche finalement assez classique d’amélioration continue. Elle pourra (et devrait) être intégrée dès la phase « Design » pour un projet important.


Pour conclure, ne vous effrayez pas de la méthode. Prenez-la au contraire comme un guide efficace sur lequel vous appuyer, sans chercher à la pousser particulièrement loin. Vous pouvez commencer par des applications très simples (un jardin) et pousser plus loin. Vous pouvez sur des projets simples et sans enjeu réaliser des designs imparfaits, partiels, c’est sans conséquence. La méthode vous donne la trame pour définir et mettre en œuvre un projet. Vous remplirez cette trame avec votre savoir, votre sensibilité. En revanche, si vous avez un projet sérieux, ambitieux, avec un enjeu de viabilité économique ou de dynamique collective, poussez-la aussi loin que vous le pouvez. Et surtout, si l’évaluation vous dit que vous n’êtes pas au point, sachez renoncer, ou au moins repousser votre projet.


 


Il semble que l’excellent Permaculture Design ait été traduit en français. Je ne sais pas si c’est une traduction exacte, ou une adaptation, mais l’original était très bon, alors, on peut espérer le meilleur.

Design en permaculture fr

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Written by fabien

3 août 2018 à 19:32

Publié dans En pratique

Une Réponse

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  1. T’as l’air particulièrement catégorique concernant l’autonomie alimentaire à petite échelle. C’est vrai que c’est un fantasme qu’on entend souvent, certainement la résultante de plusieurs facteurs plus ou moins rationnels et objectifs: volonté (légitime) de maîtriser ses besoins de base, vision individualiste de la vie, conscience de la fragilité du système de production/approvisionnement actuel, idéalisation de la vie rurale…

    Koldo

    4 août 2018 at 22:31


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